samedi 7 juin 2008

Vacances dans quelques heures.

Aujourd'hui:

Me suis réveillé avec l'alarme de mon cadran. Mais j'ai replongé aussitôt dans un sommeil semi profond. Me suis réveillé juste à temps pour aller au boulot. Quand j'ai été pissé, j'ai distinctement entendu la voisine d'à côté dire : "Bon, encore!" Je ne sais pas si elle parlait de moi ou d'autre chose par contre.

Dehors, le temps était incertain et le ciel était gris. Exactement comme l'époque actuel.

J'ai bouffé vite fait deux croissants du Tim Horton's. Et puis bu un de leur café infect. Les deux filles à la caisse semblaient plus endormies que moi. Normal, elles se sont levées plus tôt et sont payées moins.

Syndiquer un Tim Horton's, ça ne doit pas être facile.
J'ai participé à la syndicalisation de trois entreprises. De ces trois fois, je me suis fait crisser dehors deux fois. Mais dans les trois cas, ça valait la peine et je referais la même chose.

La première cliente de la journée était une vieille Italienne. Elle a acheté une bouteille d'Averna. "Cé pour fére dé la cousine! J'en mé quélqué gouttes sour mé éscalopes dé veau. Cé tré bonne!"

Un dame est venue chercher des boîtes vides pour son déménagement. Elle disait que j'étais généreux et elle voulait me donner sa poignée de petite monnaie pour me remercier. J'ai refusé parce que ça me ramène toujours à l'image du Boy Indien au temps où l'Inde était sous colonie anglaise. C'était une infirmière à la retraite. Elle parlait du bon dieu qui redonne toujours d'une manière ou une autre à ceux qui ont passé leur vie à donner aux autres. J'sais pas pourquoi, mais elle m'a alors montré ses chevilles toutes bleues, déformées et recouvertes de veines mortes. C'était dégueulasse. "C'est ce que ça fait que de passer 25 ans debout dans le bloc opératoire."
Quand j'étais étudiant, je travaillais comme gardien de nuit au Club de Yacht de Montréal. C'était un boulot chouette parce que je passais la nuit à écouter les émissions quétaines de ligne ouverte à la radio. Je devais faire une ronde à toutes les heures mais la plupart du temps, je restais dans la tour d'observation et je dessinais toute la nuit dans mes cahiers à croquis. Je buvais du café instant que je faisais chauffer au micro onde et j'attendais le moment où le soleil allait commencer à colorer le ciel. Un soir, un gros riche est venu faire visiter son yacht de je ne sais plus combien de pieds à un ami. Un immense bateau qui puait grave le fric. J'étais là pour leur ouvrir les grilles d'accès et voir à ce que tout se passe bien. En gros, je me faisais chier et j'avais juste envie de pousser ces deux pleins de frics dans les eaux boueuses du fleuve et couler à la hache leur bateau avant d'aller prendre mon café et mes petits biscuits de minuit. Avant de quitter, le gros m'a refilé un billet de 10$ dans la main juste parce que j'avais ouvert et refermé la grille. Il ne m'a pas dit " Tenez, prenez ceci" Il ne m'a pas dit "Vous me feriez plaisir d'accepter ce modeste dédommagement" Ne m'a pas dit non plus " C'est pour vous. Prenez-le et ne dites rien". Non! Il m'a juste demandé de lui montrer le chemin qu'il devait prendre pour retourner au pont et pendant que de mon index, je lui pointait la sortie, il m'a fourré son billet dans la main et m'a refermée celle-ci sans rien dire. Puis il m'a tourné le dos et a continué à parler à son pote comme si de rien n'était. Ce soir là, je me sentais vraiment comme un Boy indien. J'étais jeune et je n'avais pas la force de l'envoyer chier. Et puis surtout, j'étais sans fric et ce billet était tout chaud dans ma main. J'ai accepté sans rien dire, mais putain, qu'est-ce que j'avais honte de moi.

Un type qui venait de vendre sa vieille bagnole à un garagiste est venu acheter quelques bouteilles. Pour payer son achat, il a sorti un des billets de 100$ reçus pour la vente de sa voiture. Le mec avec qui je travaillais a remarqué que c'était un faux. C'était rigolo de voir le visage du client passer du rose au vert.

Vu une photo des obsèques d'Yves St-Laurent dans le journal. Le cliché montrait Carla Bruni souriante à côté de Pierre Bergé complètement dévasté. Ce n'est qu'une photo et ça ne veut rien dire, mais ça faisait quand même étrange. Décidément, j'aime pas cette femme et je regrette d'avoir son putain de cd dans ma collection. Qui veut un album de Carla Bruni?

Après mes 12 heures de boulot, j'ai été m'acheter des feuilles de vigne farcies.

Billie Holyday dans mon ordi. Sa voix chaude est en parfaite harmonie avec cette soirée humide et un peu chaude de Montréal. La première de l'année. Demain, c'est mon dernier jour de boulot. Je risque de ne pas écrire ici pour les deux prochaines semaines. Là où je vais, il n'y a pas d'électricité.

Bye.

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