jeudi 26 juin 2008

Vacances 10 juin

10 juin

En ce moment, c'est la période du combo: Mouches noires et maringouins. Les deux pour le même prix. Le temps de mettre un bras dehors qu'on a la peau recouverte de ces petites bestioles volantes et violentes. Du coup, j'ai changé de programme. Je n'irai pas camper cette semaine. Je vais attendre encore quelques jours le temps de voir si ces escadrons de la mort diminuent un peu leurs attaques suicidaires. C'est particulièrement féroce en ce moment ici et j'ose pas imaginer ce que ça doit être à trois heures de route plus au nord. Demain, je vais plutôt aller pêcher à la réserve faunique Rouge-Matawin à St-Michel-des-Saints. Il y a des lacs à brochets et à dorés et j'ai justement envie de me farcir quelques corps-à-corps épiques avec Maître Brochet. Juste lui et moi, mano to mano. Je viens de tout préparer mon matos et je n'aurai plus qu'à mettre tout ça dans la bagnole demain matin. J'aurais pu le faire ce soir mais ça demande quelques allées et retours entre ici et la voiture avec la porte du chalet s'ouvrant trop souvent. Les bestioles en profiteraient pour se faufiler en dedans et c'est certain que je ne dormirais pas de la nuit. Rien de plus pénible qu'un moustique qui te bourdonne autour de l'oreille entre 1h et 6h du matin. J'ai connue une fille comme ça qui bourdonnait toute la nuit sans jamais attaquer. J'étais tombé follement amoureux d'elle, jusqu'à ce que je découvre qu'elle n'était en fait qu'un gros maringouin travestie et qui avait trafiqué je ne sais comment une fausse identité qui lui permettait de travailler et de voter aux 4 ans. Nous voulions nous marier mais mes parents n'étaient pas d'accord. Ma mère surtout. J'ai été obligé de la laisser. J'étais jeune et lâche. Je l'ai revu l'an dernier. Elle militait activement pour l'ADQ. Quand elle m'a vu, elle a fait semblant de ne pas me reconnaître. Ce qui a bien fait mon affaire. Maman avait raison finalement. Ce n'était qu'une salope.

Je me suis baigné un long moment dans la rivière cet après-midi. Il faisait chaud et humide et j'ai été me foutre à poil dans les rapides en me laissant masser la peau par le courant un peu froid de la rivière. Je ne connais pas grand chose de mieux que ça dans la vie. Enfin si, mais je ne crois pas qu'il serait convenable de les mentionner ici. J'ai quand même une réputation. Enfin, j'en avais bien une quelque part mais je l'ai égaré sans doute depuis mon dernier déménagement. Ou alors elle est toujours chez mon ex parce que j'aurais oublié connement de faire le changement d'adresse? Possible. (Oui bon d'accord, si vous insistez, j'en glisse ici deux ou trois juste pour vous faire plaisir. Entre autres choses, j'aime dégrafer les soutiens gorge avec mes dents. J'aime péter dans le bain - J'adooooore péter dans le bain! Ça fait du bruit, ça fait des bulles et puis surtout, ça chatouille!! Y a que les gens tristes qui s'abstiennent de péter dans le bain. Faut pas se lier d'amitié avec les gens qui refusent de péter dans leur bain sous je ne sais quel prétexte de bienséance qui ne tient pas du tout la route puisque justement, quand ça arrive, on est généralement tout seul et que ça ne dérange personne. Putain de gens qui ne pètent pas dans leur bain! - Et puis j'aime aussi manger des saucissons salés en regardant des films sur mon ordi. Surtout quand je suis au chalet. Voilà, ça en fait trois. Fermons la parenthèse s'il vous plaît, je vais prendre froid sinon.) Je me suis immergé jusqu'à la tête parce que dès que j'avais un bout de peau hors de l'eau, les kamikazes fonçaient dessus. Malgré les mouches et les madames qui passent une fois par 100 ans pour la dîme, je crois que je pourrai très facilement vivre ici à l'année.

Avant le souper, j'ai été prospecter quelques recoins un peu perdus dans un rang pas trop loin d'ici parce que mon oncle me racontait l'autre jour qu'il y aurait un lac quelque part qui n'appartient pas à la pourvoirie privée (ils ont presque tout le secteur) et qu'on peut y pêcher librement. Mais j'ai rien trouvé, à part de magnifiques chutes d'eau. J'ai rencontré aussi deux pêcheurs un peu débinés sur la route. Ils sortaient d'un lac et étaient entrain d'attacher leur canot sur le toit de leur voiture. J'ai arrêté ma bagnole à leur hauteur et j'ai baissé ma vitre.
- Et puis?
L'un d'eux leva les deux bras en signe de dépit tout en esquissant une grimace de circonstance.
- Pas grand chose qu'il me répond un peu débiné. J'ai pris une petite truite à l'endroit où le ruisseau se jette dans le lac et c'est tout.
C'est ce que j'aime de la pêche. Qu'on soit chômeur ou Pdg d'une méga entreprise, qu'on soit de droite ou de gauche, qu'on soit blanc, noir ou jaune, quand un pêcheur en croise un autre, y a plus que la passion commune qui existe et on se parle comme si on se connaissait depuis toujours. Y a plus de castes sociaux, y a que le putain de poisson et la manière dont tu t'y prends pour le sortir.
- Et toi, comment ça été? Me relance-t-il aussitôt.
Je sais ce qu'il attend de ma réponse. Il veut se rassurer sur cette guigne. Si je lui réponds que j'ai pêché 7 ou 8 truites, il n'en sera pas jaloux mais il me questionnera aussitôt sur ma technique de pêche de la journée pour savoir s'il a lui-même fait le bon choix. S'il a utilisé la même approche que moi, il sera rassuré. Il se dira que dans ce lac, le poisson ne voulait vraiment pas mordre. Mais s'il a employé une autre technique, il passera les prochains jours à y penser et à regretter de ne pas avoir su adapter sa pêche aux conditions particulières exigées. Il dormira mal et sera un peu grognon par moments. Il voudra se reprendre le plus tôt possible pour effacer cette tache de ses souvenirs.
Mais si je réponds que ma pêche aura été aussi merdique que la sienne, il n'ira pas plus loin dans ses questionnement et cela le rassura aussi sur sa malchance. Il se dira que ce jour là, vraiment, "ça ne voulait pas mordre" puisque même le mec (moi) sur l'autre lac n'a rien pris. C'est comme ça que ça marche et je fais la même chose quand ma journée n'a été que de la merde.
- Je n'ai pas pêché, je suis juste à la recherche d'un lac. Mais je vais monter au lac Kempt dans les prochains jours pour le doré.
L'autre mec qui venait de terminer d'attacher le canot se retourne alors vers moi et me dit " Tu sera bien mieux au Kempt qu'ici!"
Il a dit "Au Kempt" comme on dit au restaurant, à l'épicerie ou au boulot. Je sais tout de suite que j'ai affaire à des maniaques de pêche, qu'ils connaissent tous les lacs de la région, qu'ils ont lancé leur ligne dans tous les trous d'eau qui existe entre ici et le réservoir Gouin. Mais toute cette expérience ne leur a pas empêché de connaître une journée complètement nulle. Ça arrive. J'ai même déjà connu un été complet comme ça. À la fin de la saison, je me demandais sérieusement si je n'étais pas devenu une sorte d'handicapé du moulinet. Je leur ai demandé s'ils ne connaissaient pas par hasard ce putain de lac dont mon oncle m'a parlé mais leur réponse vint clore les fabulations du frère de mon père.
- Tout est privé ici. Le lac dont tu parles doit être celui qui se prend par le premier chemin à droite en entrant dans le rang. Mais il appartient à une dame de Montréal.
Puis, il rajouta: "Il n'y a plus rien de lousse depuis longtemps ici".
J'ai aimé l'expression. Lousse voulant dire " Libre d'accès". En d'autres mots, tout est privé et il faut payer pour pêcher. Je les ai salué et je suis parti en me disant que mon oncle finalement, il raconte vraiment n'importe quoi.

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