mardi 3 juin 2008

Un peu de délire pour ne pas déprimer.

Journée de congé hier. Je traînais dans la maison. Suis resté des heures dans mon bain à lire Yasmina Khadra en rajoutant de l'eau bouillante parce que j'avais mes couilles quadragénaires qui gelaient par moments. Depuis des semaines, voire des mois, je laisse aller les choses et les obligations qui m'assaillent. Pas le goût de rien. Le temps passe sans moi. Le boulot me fait chier et quand je ne suis pas au boulot, je vais me réfugier au chalet comme une bête sauvage où j'arrive à retrouver un peu de quiétude dans le silence. En ce moment, je suis dans cet état où je pourrais très bien passer toutes mes vacances sur le balcon arrière du chalet à regarder la rivière couler. J'allais écrire que ça ne va pas trop en ce moment, mais c'est un euphémisme. En réalité, ça ne va pas trop depuis environ 45 ans. Sinon plus parce que je suis du genre tellement déprimé dans la vie que ça m'étonnerait pas que je l'étais déjà naguère, quand je nageais dans l'une des deux couilles de mon paternel (Deux fois le mot couille en quelques lignes?) en compagnie d'une bande de joyeux lurons tous semblables à moi.
Pourquoi ça ne va pas? J'sais pas. Ça me vient comme ça, sans prévenir et ça m'assomme grave. J'évolue constamment dans une sorte de déprime que j'arrive par moment à contrôler. Mais quand quelque chose de puant me tombe dessus, j'en ai pour des mois à me relever. Et on dirait que c'est pire avec l'âge. Je prends de moins en moins bien les claques de la vie. Et comme la vie n'est qu'une longue suite de claques appliquées sur la gueule, ça risque pas de s'arranger dans les prochaines années. Le chalet reste en ce moment le dernier endroit où je peux trouver un peu de quiétude. Ça vient du fait que les humains me pèsent et comme ils sont environ 6 milliards et des poussières autour de moi, ça complique un peu mes possibilités de guérison. Mais bon, ils ne me font pas tous chier quand même. J'aime bien mes amis et puis aussi les femmes en général. Leur présence surtout. Je trouve par contre qu'en ce moment, elles sont toutes un peu trop loin de moi, ce qui complique un peu ma curieuse manie de les renifler comme un chien sans collier. Très difficile en effet de renifler le cul d'une fille par MSN. Les relations textuelles, j'ai rien contre mais à la longue ça use les yeux. L'idéal serait de pouvoir combiner le chalet et les femmes. Genre trouver une femme avec des seins tellement gros que je pourrais y construire un chalet dessus et faire dévier une rivière qui viendrait couler romantiquement en son sillon merveilleux. Et puis ensemencer quelques truites là-dedans et ça serait le paradis sur terre mes amis. L'hiver, j'offrirais des escapades en traîneaux à chiens pour les touristes français et dans moins de cinq ans, je serais millionnaire. Pourquoi y a que moi qui pense à ça? Mais que fait donc le gouvernement!??
(Est-ce que je viens vraiment d'écrire ça moi??)
Chaque retour en ville me pèse comme une chape de plomb. Seul l'alcool me permet de passer quelques heures d'une relative tranquillité. Mais dès le lendemain, les vapeurs éthylique de la veille me transportent un peu plus loin dans cette déprime gluante. Par moments, ça va comme-ci comme-ça. Mais la plupart du temps, ça me pèse lourdement. Pour m'aider à faire passer tout ça, j'écris des conneries sur un blogue de merde. C'est de exhibitionnisme délirant mais bon, je m'en tape un peu.
J'ai finalement téléphoné à F... pour savoir si elle avait l'énergie pour accueillir une âme remplie de spleen, le temps d'un souper. Elle n'a pas refusé malgré ses engagements de la journée. Elle ne refuse jamais d'ailleurs et je savais que je pouvais compter sur elle. Une amie, ça sert à ça. Au cadran de la cuisine, il était 16h quand j'ai décidé de lever les pattes. Mais comme il prend de l'avance à une vitesse folle, il devait être en réalité quelque chose comme 15h ou à peu près. Ce putain de cadran d'IKÉA de merde, il se bouffe en effet environ dix minutes d'avance aux 24 heures. Et comme ça fait quelques jours que je ne l'ai pas remis à l'heure, je me suis donc fié à un calcul mental rapide. Mais comme ça ne va pas trop bien entre les deux oreilles depuis quelques temps, fallait pas trop m'en demander.
J'ai roulé pépère, un peu comme un touriste et j'écoutais Espace Musique à Radio-Canada tandis que les banlieusards me dépassaient des deux côtés, pressés qu'ils étaient de retrouver leur haies de cèdres fraîchement taillées dans le 450. Un peu plus loin sur la 15, un jeune con à casquette de base-ball blanche m'a doublé en me servant une jolie queue de poisson. Tout de suite, je me suis imaginé en chef de la Gestapo et je me suis envoyé plein d'images savoureuses où il était question d'interrogatoire très musclé avec ce type ficelé comme un saucisson sur une chaise.
- Fous allez parler herr Kaskette Planche!!!
- Mais!... mais je n'ai rien à dire! Je suis innocent!
- Je le sais herr Kaskette Planche!!!! Et c'est pour ça que je fais fous interroger en fous appliquant ces fils électriques sur les testiiikküüüles! C'est toujours plus rigolo interroger prisonnier qui n'a rien à dire!! Gniak! Gniak! Gniak!
- Au secours! À moi!!
- Inutile de crier herr Kaskette Planche!!! Personne ne fous entendra! Ce bunker est construit à flanc de poitrine de gröösse mademazelle, juste à côté du chalet où coule jolie rifière en son sillon merfeilleux! Endroit romantique pour torturer via testiiikküüüles à fous, ne troufez-fous pas? Gniak! Gniak! Gniak!
Je pense souvent à ce genre de truc quand quelqu'un me fait chier. Ça me défoule et ça ne fait pas de mal à personne. Mais je n'en ai pas encore parlé à ma psy. Un jour peut-être, et seulement si elle est gentille.

Quand je suis arrivé chez F..., elle était sur son départ. Elle devait donner des cours de ch'sais pas quoi à des gens qui suivent ces cours de ch'sais pas quoi mais n'en avait que pour une heure et demie. Elle m'a offert de m'expliquer comment fonctionnait la télé cinéma-maison pour que je puisse regarder le dernier James Bond pendant son absence mais j'ai refusé en lui disant que je n'avais pas envie de me taper un film, que j'allais plutôt en profiter pour lire. Je me suis allongé sur son sofa et j'ai ouvert mon livre. Ulysse, son chien qui a oublié d'être intelligent, est venu s'installer près de moi mais au même moment, le temps s'est couvert et on entendais au loin le tonnerre gronder. Ulysse n'aime pas les orages et ça le fait paniquer grave. Il se met à trembler de partout et il va ensuite se réfugier dans la baignoire où il manque à chaque fois de se casser la gueule en sautant. Pas vraiment le type d'intelligence canine qui impressionne les invités de passage. Mais il est sympa quand il ne jappe pas. Après quelques pages de mon livre déprimant, je me suis dit que finalement, un bon James Bond m'aiderait peut-être à me sortir de mon état dépressif. Ça m'a prit 15 minutes juste pour trouver la manière d'ouvrir le lecteur et puis c'est tout. Je n'ai jamais été foutu de faire fonctionner la chose à cause de cette putain de manette de merde qui avait tellement de boutons que ça ressemblait à tableau de contrôle de la NASA. Putain de manette de merde! Tout de suite, je me suis imaginé en chef de la Gestapo et je me suis envoyé plein d'images savoureuses où il était question d'interrogatoire très musclé avec cette manette ficelée comme un saucisson sur une chaise. Quand F... est revenue, elle m'a passé un savon parce que j'avais déréglé je ne sais trop quoi qui faisait que le film ne passait pas à l'écran. Ça lui a prit une bonne quinzaine de minutes à trouver le problème. Pendant ce temps là, on entendait Ulysse dans la baignoire qui essayait de sortir et qui devait sans doute se cramponner au rideau de douche.
On a bouffé une pizza au saumon fumé que F... a faite toute seule et avec ses petits doigts. On s'est callé deux bouteilles de vin et puis quelques bières aussi, question de ne plus être en état de dépression ni de conduire. Je me suis envoyé le gros sofa du salon où pendant la nuit, une armée de chats est venue me faire suer. F... dit qu'elle n'en a que deux mais je suis certain qu'elle ment, qu'elle doit en avoir au moins une bonne centaine planqués un peu partout dans les recoins secrets de la maison et qui n'attendent que la nuit - quand ils deviennent gris - pour attaquer les types qui dorment sur les sofas. Ils ne sont là que pour ça. C'est leur mission dans la vie.

Et puis je vais arrêter là parce que je dois aller faire ma lessive. J'ai plus rien à me mettre et ma chambre croule sous le linge sale.

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