dimanche 10 février 2008

Les 400 coups.

Je le répète, je le sais bien, mais nous vivons dans un monde bien étrange. J'en ai pour preuve que j'ai trouvé aujourd'hui une copie DVD neuve de Les 400 Coups de François Truffaut pour même pas 20$ alors que tout autour, les étales étaient remplies de merdes américaines qui se détaillaient à plus de 25$. Et puis en fouillant bien comme il faut, j'ai aussi trouvé The Grapes of Wrath de John Huston pour.... 7.99$ (!!!) tandis que sur le présentoir d'à côté, Le Pirate des Caraïbes se vendait à 29.99$.


Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Comment diable le coût total de 2 des films les plus importants du dernier siècle puisse être plus bas que celui de ce léger divertissement mettant en vedette Johnny Depp? Est-ce que cela veut dire que Truffaut et Huston combinés soient moins important dans l'histoire du cinéma que Gore Verbinski, cet honnête tâcheron hollywoodien dont la filmographie ne comporte que la série des Pirates et Le Cercle, vulgaire remake américain d'un méga succès planétaire japonais?


Je sais, pour un cinéphile, c'est chouette de voir que l'insipidité est pénalisée par des prix prohibitifs. Mais d'un point de vu strictement sociologique, cela veut dire que c'est cette même insipidité qui est recherchée par la clientèle. Il y a quelque chose de franchement désolant là-dedans.
Mais bon, pour une fois que la loi du marché est de notre côté, on ne va pas s'en plaindre.


Allez les zoufs! Continuez à consommer de la merde! Pendant ce temps-là, nous on se tape du vrai cinéma pour presque rien! Yoouuupiiiiii!!!!
(Que dieu bénisse les cons!)

Aux Halles d'Anjou, j'ai trouvé un gros morceau de fromage de chèvre cendré pour 0.97$ Je croyais que c'était une erreur d'étiquetage et j'étais bien décidé à me battre avec la caissière pour l'obliger à me le laisser à ce prix. Mais surprise, c'était le bon prix. Il était en liquidation parce qu'une petite mousse de pourriture commençait à en recouvrir la surface ici et là.
- Et c'est pour ça que vous le vendez à ce prix?
- Oui mais il est encore bon vous savez, me dit la caissière pensant que cette enivrante pourriture me répugnait.

Chouette! Comme pour les films de Truffaut, on décide maintenant de baisser les prix sur le fromage quand il arrive à maturité! Moi, je ne demande pas mieux et j'y retournerai souvent, c'est certain. C'est trop cool!
Au reste, il était délicieux ce fromage. Je me le suis bouffé avec des saucissons salés et un petit Cahors sympathique. J'avais déplacé mon ordi sur la table de cuisine et je me suis regardé Les 400 Coups en mangeant. J'ai connu des dimanches soirs pires que ça dans ma vie.

1 commentaire:

Wil a dit…

Le coup de pub en l'air... (l'art et la bannière).

On pourra s' étonner plus spécifiquement de l'existence même d'une régulation d'un "marché de l'art" mue non plus par les acteurs principaux ou bénéficiaires légitimes du message artistique propre mais de leur intermédiaires, critiques et spéculateurs distributeurs mécréant, pour qui l'art ne saurait échapper à l' étau de la finance et qui sans doute se voient mécènes là ou ils ne sont que tiroirs caisse.

Que la matière première "création" supporte l' infamie de se voir établir une valeur marchande au vue du coût premier qu'elle a demandé et en vue de la répartition saine des gains qu'elle engendre soit... mais quand le coût fasonne le gout, il n'y a plus de dialogue artistique, il n'y a que des monologues financiers...

On ne peur alors plus s' étonner que la production et l'exploration artistique ne soit plus vue que comme une élite de borgnes s' extasiant devant une oeuvre dont ils ne s' étonnent plus qu'elle vaille trois fois le prix du champagne qu'ils s' injecte à la contemplant...

Mais tout n'est pas si noir:

http://fra.morel.free.fr/v6a/travaux/oeuvresansvaleur/oeuvresansvaleur.html