Sur FB, la photo de cette fille
heureuse et resplendissante avec son nouveau né dans les bras. Elle revient de
loin celle-là. Une collègue à nous qui était en train de ruiner sa vie par
l’alcool. Pas encore tout à fait une épave, mais sur la voie de l’être. C’est
mon pote, Éric, qui l’a ramassée avant qu’elle ne tombe encore plus bas. Il
était délégué et techniquement, ce n’était pas son boulot de faire ça. Un
délégué, ça ne s’occupe que des relations de travail. That’s it. Mais Éric,
c’est avant tout un humaniste fini qui ne supporte pas la misère. Sur son temps
à lui, bénévolement, il l’a ramassée.
-
Tu viens avec
moi !
-
On va où ?
-
Dans un centre de
désintox.
Elle chialait parce qu’elle savait
qu’elle allait en chier là-bas, mais en même temps, elle savait qu’elle n’avait
pas le choix. Suivre Éric ou rester là et crever dans les mois qui suivaient.
Pour se donner du courage, ou juste parce qu’elle savait qu’elle allait passer
les trois prochaines semaines sans boire une goutte, elle a calé deux
bouteilles de vin devant mon pote. Lui, il n’a rien dit, n’a même pas tenté de
l’arrêter. Il était là, les clés de sa voiture dans sa main et il attendait
qu’elle finisse de se péter la gueule. Après quoi, il l’a fait monter dans sa
bagnole et a roulé jusqu’à Val David pour s’arrêter à ce centre de désintox.
Des gens l’attendaient. Elle titubait avec sa petite valise qu’elle tenait dans
sa main
Sur FB, la photo de cette fille
heureuse et resplendissante avec son nouveau né dans les bras. Elle n’a plus
retouché à une goutte depuis le matin où Éric avait été la ramasser. Mais Éric
n’en parle pas. Pour lui, c’est normal. Par contre, il reparle encore de Mario, celui
qui s’est suicidé après trois séjours de désintox infructueuses. Ils sont comme
ça les héros anonymes. Modestes dans leur victoire, sévères dans leur défaite. Mario
est mort et c’est de la faute de personne. Mais la mère et l’enfant vivent et
ça, c’est grâce à Éric.
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