Assis devant l’écran, il pouvait la voir parler et bouger en live alors
même qu’un océan les séparait. Elle était belle de cette beauté qui se fout des
standards et qui se moque des clichés. Sans maquillage ou si peu, ses petites
lunettes reposant sur le bout de son nez, souriante de l’âme et du cœur, elle
était pour lui toutes les femmes incarnées, de Marie mère de Dieu jusqu’à
Simone de Beauvoir.
Il lui semblait qu’elle embellissait avec l’âge, que les années qui
s’étaient accumulées depuis le tout premier jour où ils s’étaient rencontrés
n’avaient fait qu’officialiser le rôle de premier plan qu’elle tenait dans la
mécanique complexe de ses palpitations cardiaques. Il aimait cette
déstabilisation qu’elle produisait dans sa tête et dans son ventre. Le matin,
et pour peu qu’elle lui eut écrit à même ses six heures de décalage, il n’avait
qu’à lire son nom dans sa boîte à courriels pour savoir que la journée qui débutait
allait être l’une des plus belles de l’année. Dans son esprit d’amoureux
transis, elle était le mois de juin même au plus fort de l’hiver.
Disons-le franchement pour ne point laisser le moindre sous
entendu : il l’aimait crissement fort et se serait fait couper un bras
(oui bon, ok, le petit doigt) pour la garder près d’elle jusqu’à son dernier
souffle.
Quelques fois par année, et malgré la distance qui amputait leur envie
de se respirer mutuellement, Skype les unissait en asséchant virtuellement le
putain d’océan qui s’obstinait à se dresser entre eux. Nous pensons donc qu’il
serait superflu d’ajouter qu’il aimait Skype.
Elle arriverait dans deux semaines et cette conversation Skypée sur les
derniers détails concernant son séjour à Montréal, chez lui, dans ses petits
bras un peu musclés mais pas trop, était un prétexte pour la voir, l’entendre
et la regarder être belle en milliers de pixels avant de la voir en milliers de
bonheurs, même si nous savons très bien que cette dernière phrase n’a aucun
sens.
Nous terminerons donc ici cette rédaction avant de sombrer plus en
avant dans les délires narratifs des plus pathétiques.
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