samedi 4 avril 2015

Maison remplie de ton absence


Je suis à la maison pendant que maman est à Halifax. Je suis passé prendre le courrier, déblayer un peu le patio de cette dernière neige de cet hiver qui ne veut pas terminer. Bien sûr, depuis ton départ pour ton voyage de pêche infinie, je ne m’attendais pas à te retrouver. Mais cette lettre trouvée au fond de la boîte postale et qui t’es adressée m’a frappé d’un coup sec en plein dans ma peine.

Je me suis mis à chialer dans cette grande maison vide, mais encore tellement remplie de toi. Maman a mis une photo de toi sur le recoin du comptoir de cuisine où vous mettiez habituellement le Père Noël miniature pendant le temps des fêtes. T’as une tronche de jeunot sur la photo, plus jeune que ma fille. Dans le salon, il y a une petite boîte avec de la poussière d’étoiles à l’intérieur et une autre photo de toi juste à côté. Une urne que ça s’appel. C’est toi qui l’avais personnellement choisie quand tu en étais à régler tes derniers dossiers concernant ton passage terrestre. Tu avais fait ça courageusement, avec panache et sans t’empêcher d’y mettre un zest d’humour, ce qui m’avait littéralement torché. Tu m’avais impressionné cette fois-là.

J’écris péniblement ces lignes à cause des larmes, bien sûr, à cause de cette douleur incommensurable qui m’étreint et qui perce mon âme, mais surtout à cause de cette puissante impression que t’es là, tout près, invisible mais présent et que, comme moi, tu cherches à me parler, à me voir, à me retrouver mais sans y parvenir.

Comme un chien fou, j’ai tourné en rond dans la maison à la recherche de je ne sais quoi qui m’aurait aidé à retrouver une parcelle de toi. Ton petit atelier bordelique au sous-sol n’a pas changé d’un iota depuis ton départ. On a l’impression que tu viens juste de déposer ton marteau le temps de répondre au téléphone. En me concentrant fort, peut-être que j’arriverais à te faire revenir ici, dans ce petit espace que tu aimais tant ? Mais loin de me soulager, ç’a m’a fait encore plus mal.

Je me suis finalement écrasé sur cette chaise de cuisine où je chiale et écris en même temps, essayant par des mots silencieux rejoindre l’écho de ton éternité.

Où que tu sois papa, je t’aime et tu me manques tellement.

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