vendredi 13 février 2015

Fraise et vanille


Description des objets qui se trouvent sur la table de la cuisine au moment où j’écris ces mots. Tout en face de moi, au bout, sur la droite, une chandelle dans un pot de verre que j’ai acheté à l’épicerie à côté de mon boulot. Elle est supposée émaner des parfums de fraise, mais ça sent autre chose. Pas désagréable, mais ça n’embaume pas la fraise. Ça c’est certain. La vanille peut-être ? Probablement une erreur de fabrication. L’étudiant sur la ligne de montage, il devait texter au moment de glisser dans le pot les arômes artificiels.
Putain, j’y pense ! Ça ne devait même pas être un étudiant. Ça devait être un Pakistanais tout ce qu’il y a de plus père de famille. Un job de merde dans un de ces pays réduits à manufacturer les objets de consommation des ploucs de mon genre qui vivent dans l’hémisphère nord et qui se plaignent des chandelles à la fraise qui ne sentent pas la fraise.

Devant la chandelle à la fraise qui ne sent pas la fraise, y a une enveloppe de la CSST que je n’ai pas encore ouvert. Je devine un peu ce que c’est. Un machin à rajouter sur mon rapport d’impôt et qui concerne les trois jours d’arrêt de travail qu’on m’avait prescrit suite à une agression subit par un voleur. Y m’avait un peu esquinté le coude le mec. Pas grand chose, mais on m’avait accordé trois jours d’arrêt. Le pire c’est que ma collègue qui assistait à la scène sans y avoir participé s’était fait donner un arrêt de 7 jours par son médecin pour «  traumatisme psychologique subit lors de l’événement ». C’est moi qui avais mangé le coup et j’ai eu 3 jours. Elle, la témoin éloignée, s’est fait donner 7 jours. Allez comprendre quelque chose à ces docteurs. L’enveloppe, je ne l’ouvrirai qu’au moment de faire mes impôts, c’est à dire dans 8 ans quand le gouvernement me donnera son 45e avis. C’est qu’à force de travailler à Montréal-Nord avec mes potes Haïtiens, je deviens moi aussi un peu Haïtien. (À quelle heure t’avais dit le rendez-vous ? 19h ? Bah pas de panique, il n’est que 21 h) D’ailleurs j’ai appris que je suis un grrrand moune. Je crois que ça veut dire que je suis un vieux, ou quelque chose comme ça.

Une poivrière en pingouin de noël parce que c’est tout ce qui nous reste pour poivrer nos steaks. L’autre, la grosse poivrière à main qui concasse les grains de poivres, ben justement, elle manque de grains de poivres. J’oublie toujours de m’en acheter quand je vais à l’épicerie. À la place, j’achète des chandelles à la fraise qui ne sentent pas la fraise.

Une bouteille en plastique de sel de mer iodé de marque Kalas de format 750g. Y a pas grand chose à dire là-dessus sinon que je croyais que c’était Grec à cause du nom et que ce n’est qu’Américain parce que je viens de regarder pour la première fois sur la bouteille. Si ça se trouve, c’est du sel modifié génétiquement par Mosento et que je vais me mettre à voter pour des idées de droite.

Deux livres donnés par un client qui voulait me remercier de lui avoir donner des boîtes de carton pour son déménagement. «Goethe et la synthèse » par Léon Daudet et « La pensée scientifique de Teilhard » par Paul Chauchard. Le genre de bouquin que tu ne te tapes pas dans les transport en commun, genre. Mais ok, on va classer tout ça, avec mes autres livres et à ma prochaine grosse envie de chier, m’en vais me taper la pensée scientifique de machin. Je vous en reparlerai si vous êtes gentils.

Un jeu de cartes Captain Morgan piqué sur les bouteilles de rhum du même nom et qui servait de valeur ajoutée au produit. Hein ? Quoi ? Que je pourrais me faire congédier pour ce vol si quelqu’un de la boîte venait à lire ce passage ? Mais non monsieur le Commissaire des Relations de Travail ! Ce blog n’est qu’une œuvre de fiction. La preuve, c’est que je suis aussi extra-terrestre à temps partiel et que je suis venu sur la terre pour étudier les us et coutumes de vos congénères humains.

Un chargeur pour mon cell. Un verre d’eau vide, une bouteille de vin presque vide et une coupe de vin presque pleine.

On se laisse un peu traîner. La coloc n’est pas là. Mais quand elle reviendra, ce sera tout propre. Et puis ça ne sentira pas la clope.

Ni la fraise. Mais quelque chose comme la vanille.

Aucun commentaire: