Madiba, t’as sans
doute été le plus grand homme du XXe siècle. Ou disons que tu partages le titre
avec Gandhi. OK, d’accord, chacun votre demi-siècle et l’on n’en parle plus.
Je suis né la même
année de ton enfermement. Quand je suis né, t’es mort la première fois. Madiba,
je me souviens de toi du temps où tu étais dans leur prison. J’avais 15 ans et
j’ai appris l’injustice de ce monde avec ton nom. À la télé, dans les journaux,
quand on parlait de toi, on ne montrait qu’une vieille photo de ta jeunesse et
pourtant t’avais déjà des cheveux blancs que le monde entier n’avait encore
jamais vus. Mais nous parlions toujours de toi Madiba. Au Secondaire, puis
Cégep, puis dans ces soirées de bières et de discussions politiques. On te
chantait aussi. Peter Gabriel, Johnny Clegg, Renaud. T’étais un mythe vivant
Madiba. On ne te voyait pas, mais on t’entendait penser. On ne te connaissait
pas Madiba, mais va savoir pourquoi, on se doutait bien que tu étais un Juste,
comme on se doutait que ton esprit se moquait des barreaux malgré ton corps
humilié par 27 ans d’encagement. T’étais déjà partout quand t’étais même pas
là ! T’es le seul humain à avoir été un fantôme de ton vivant. Comment
t’as fait ça Madiba ?
Hein ?
Comment t’as fait
ça ?
Au fait Madiba, t’as
été un peu notre Jésus à nous, mais en mieux. T’as un peu tâté de la révolte au
début. De la colère. De l’humanité quoi. Puis la prison. Puis plus rien. Un
ange passe pendant 27 ans et arrive l’amour de ton prochain, le pardon de tes
bourreaux, t’as appliqué tout ça sans avoir à te prendre pour le fils d’un
autre. Et puis ta sortie de prison devant les caméras du monde entier, ç’a été LA
résurrection de notre époque.
T’avais les cheveux
blancs Madiba. Le pas hésitant. L’œil fatigué. J’étais devant ma télé Madiba.
Je t’ai vu pour la première fois.
J’avais 27 ans.
Tu es mort hier.
Je t’aimais Madiba.
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