Je ne me souviens plus si j’ai déjà publié ça. Je pourrais faire des recherches sur ce blogue, mais ça serait long et ça ne me dit pas de commencer à perdre un temps fou pour retrouver le texte. Anyway.
Ça se passait il y a plus d’un an. Dom remplaçait son délégué dans sa région et il m’avait demandé de faire des tournées de Santé et Sécurité au Travail avec lui dans ses succursales.
C’est qui Dom?
C’est lui.
Le genre de mec que t’es très content d’avoir comme ami. Ancien boxeur, ancien bagarreur de combats extrêmes. T’as qu’à voir ses jointures pour comprendre que ce mec-là, il négocie pas longtemps. Le genre d’employé à voter toujours pour un mandat de grève non pas pour améliorer ses conditions de travail, mais pour avoir la chance que la grève dégénère pour ainsi mieux péter des gueules de scabs. Regarde son oreille droite. Ça te dit quelque chose une oreille comme ça? C’est une oreille qui s’est fait frapper, frotter, tabasser, mordre, tirer, écrasée. Généralement, une oreille comme ça se façonne dans les ruelles sombres ou dans un octogone de combattant ultime. Tête de tueur, mais en même temps, regarde ses yeux. Y a de la lumière là-dedans. De la bonté toute pure. Belle gueule aussi, genre prince charmant du terroir. De fait, c’est un des plus gentils mecs que j’ai connus dans ma vie. Ce qui n’empêche pas qu’il adore se battre. C’est son passe-temps, que voulez-vous. Comme il ne se bat plus dans les rings, il s’est trouvé un boulot d’appoint pour compenser. Il est doorman dans un club. Il adore ça. Ça lui permet de taper sur des cons qui ont trop bu et qui cherchent la bagarre. Il est content, mais en même temps, va savoir, ce n’est pas aussi drôle.
- Écoute le gros, c’est trop facile de taper sur de la viande molle. Y a pas de challenge.
Enfin bref, j’étais avec lui pour faire mes tournées. On arrive dans cette succursale du centre-ville, genre vétuste comme tu ne peux même pas t’imaginer. Un trou à rats. La directrice est une petite arriviste. Pas nécessairement méchante, mais qui a tendance à péter plus haut que le trou de par sa divine fonction de directrice. Quand elle nous voit entrer, elle a un geste de recul. On s’était déjà croisé avant dans un précédent dossier qui avait chié un peu. Mais je n’étais pas à la SST à ce moment-là et elle me regardait un peu de haut. Mais quand t’es représentant en SST, et parce que tu représentes la loi, là ouais, ils (les directeurs) sont plutôt du genre très conciliant. C’est très chouette comme fonction si vous voulez tout savoir.
On fait le tour de sa succursale pour rédiger le dossier et elle nous suit pas à pas pour nous expliquer les raisons du comment du pourquoi tout est en bordel. On arrive dans les chiottes, et voilà que je ne vois-t-y pas ce petit canard sur une étagère. C’est une déco à elle qu’elle a payé de sa poche pour faire jolie quand tu vas faire caca. Elle nous explique tout ça comme si c’était la trouvaille du siècle pour donner un environnement agréable à ses employés alors que les murs menaçaient de s’effondrer. J’ai mon appareil photo et pour déconner, je prends un cliché du canard.
Puis, comme ça, gratuitement et ne me demandez pas pourquoi, je prends le canard et je le crisse au fond de la cuvette et je prends une autre photo.
En fait, je voulais tester mon pouvoir d’intimidation. Je voulais voir jusqu’où je pouvais aller avec les directeurs. Oui je sais, c’est dégueulasse, mais je suis comme ça. L’aplaventrisme me fascine. L’image de l’humain obsédé par la peur de déplaire à l’autorité me titille grave le cerveau. Et justement, dans son esprit, et parce que j’étais du côté de la loi, j’étais devenu l’autorité alors que j’étais le même mec sur lequel elle avait chié dessus quelques mois plus tôt quand j’occupais un poste moins officiel.
Qu’est-ce qu’elle a fait quand j’ai crissé son ostie de canard dans les chiottes?
Elle s’est précipitée dessus pour le retirer et le laver à l’eau chaude.
Ne m’a pas semoncé.
Ne m’a pas menacé.
Ne m’a pas engueulé.
J’étais son supérieur en droit selon la convention collective. Elle n’a même pas souligné ce passage à ses supérieurs dans son rapport.
Plus servile que ça, tu crèves.
Mais en même temps, c’est exactement le genre de gestionnaire qu’ils recherchent.
Je m’en vais me coucher.
Bye.
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