lundi 7 mai 2012


Je suis dans mon bureau. La fenêtre donne sur la rue et en y regardant au travers, je vois un petit morceau de la ville s’animer devant mes yeux qui s’éveillent. Des voitures surtout qui descendent la rue et qui vont en direction du centre-ville. Devant chez moi, le garage n’est pas encore ouvert. C’est un centre multi services qui comporte aussi une section pour le lavage à main des voitures. L’entreprise est tenue par des Marocains. Quand il fait beau et que les employés travaillent avec la grande porte ouverte, j’entends leurs voix se faufiler jusqu’à chez moi. Ils parlent arabe et cela me donne une toute petite impression d’être là-bas, au Maroc. Toute petite l’impression. Faut tout de même pas exagérer. Surtout en hiver. Il fait soleil. Ça sent l’été. C’est la journée du recyclage. Un vieux monsieur à bicyclette s’arrête devant mon sac d’ordures recyclables. Transparent le sac. Il le prend dans sa main et l’observe avec attention. Il y cherche quelque chose. Des bouteilles consignées sans doute. Il n’y trouvera rien. Mes vides, je les refile à un semi-clochard qui fait le tour des ruelles le soir et qui a pris l’habitude de venir cogner chez moi quand il y voit de la lumière. Quand il parle, il laisse longuement traîner la dernière voyelle de sa phrase, comme un enfant implorant. Ce qu'il est un peu dans le fond. 

- T’as-tu des viiiiiides?

Il prend tout. Bouteilles de bière, bouteilles de soda, canettes en métal. Forcément, il ne laisse rien pour les autres clochards. La cueillette des bouteilles vides est une guerre féroce entre indigents. C’est celui qui a le meilleur plan d’attaque qui rafle tout. 
Comment terminer ce petit texte? 
Ça prendrait une morale. 
Je n’en trouve pas. 

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