Première partie de hockey balle de la saison. Mon corps n’est plus qu’une immense ecchymose qui fait à peu près six pieds de long. Les cuisses surtout et les fesses. Il y a des muscles dans ces régions qui n’ont pas beaucoup travaillés ces derniers mois. En fait, et quand j’y pense, y a aucun muscle qui n’a travaillé dans la dernière année.
On a changé un peu la formule cette année. Moins compétitif, plus amical et plus un seul membre de l’exécutif syndical, question d’aérer un peu la salle. Ce qui n’empêche pas que je viens de courir pendant deux heures de temps. Ç’a beau être amical, ce n’est pas moins relaxe. Je veux dire le but, tu veux quand même le marquer. Et pour ça, il faut que tu t’empares de la balle et justement, la particularité de cette chose, la balle, c’est de bouger partout. Sinon merde, ça ne serait pas du sport.
Courir donc.
J’étais dans l’équipe de Raymondo. Raymondo, il était déjà mort pendant la pratique avant de commencer le match. Il m’a demandé s’il y avait une clinique médicale dans le secteur parce qu’il avait besoin de transplantation coeur-poumons. Il est comme ça Raymondo, toujours le bon mot qui fait rire. Lui aussi sur son lit de mort, j’en suis sûr, il usera d’autodérision. Ce n’est pas parce qu’on va crever demain matin qu’il faut pour autant prendre la mort au sérieux nom de Zeus. Puisque c’est inévitable, rions-en!
On n’a pas rajeuni lui et moi depuis l’an dernier. Justement, on a même gagné un an de plus. («Gagné un an» étant ici une bien curieuse expression pour définir le pas supplémentaire qui nous rapproche de la mort). Malgré tout, on s’est bien démerdé étant donné que nous étions les seuls du groupe à avoir connus la télé en noir et blanc et les téléphones à roulette. Après un lent début, et parce qu’il nous reste un peu d’orgueil quelque part (ah ouais? Où ça?), on s’est mis à mieux fonctionner après la première période. C’est bien connu, les vieux, ça part lentement, mais ça garde ensuite le rythme. (Message subtil ici aux jeunes filles) Il a fait quelques petits miracles d’arrêts qui doivent en ce moment même repasser en boucle sur la bande vidéo logée entre ses deux oreilles. Deux ou trois avec les jambières et quelques arrêts en cascades sous un feu roulant de lancers. Ce n’était pas toujours très technique, mais la hargne et sa maudite tête de cochon compensaient allègrement pour ces petits défauts inévitables les soirs de premières. Même qu’il a frustré mon pote Éric toute la soirée. Pour ma part, j’ai violemment cross checké le même Éric devant le filet de Raymondo et il s’est retrouvé sur le plancher. T’as pas le droit de faire chier Raymondo si je suis son défenseur. Mais rassurons-nous, mon cross check était amical et porté avec tout le respect je dois à l’amitié et à sa troisième vertèbre.
- Mon tabarnak!
Ça, c’était le mot de mon pote Éric quand il s’est retrouvé sur le plancher. Ce fut dit de manière amicale et postillonné avec tout le respect qu’il voue à l’amitié. Les parties de hockey entre potes, c’est quand même chouette. Ça solidifie nos liens de mâles. Les filles font des soupers en groupe pour bitcher sur celles qui ne sont pas là et nous on organise des parties de hockey pour se foutre des coups de Sherwood dans le dos. On ne bitch personne, on se fout des sur la gueule des balles qui vont à 300 km\h. Je trouve ça beaucoup plus sain.
Ma partie? Bof, je me suis fait frustrer à quelques occasions par le gardien adverse qui avait vraiment mon numéro ce soir. Mais j’ai quand même fini par le déjouer à quelques occasions cette espèce de bourrique! S’il avait joué comme ça l’an dernier, quand il gardait les buts pour notre équipe, fuck! À au moins quatre reprises, et juste pour le fantasme et même pas pour marquer un but, je lui ai balancé des boulets de canon à bout portant. Question de me défouler. J’adore quand j’entends la balle faire «Booooum!» contre le plastron ou les jambières du gardien de but. Tu ne marques pas de but, mais t’as provoqué un joli bruit qui fait comme de la musique dans les oreilles. Le hockey, c’est de la création artistique dans le fond. J’ai déjà hâte à la semaine prochaine.
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