samedi 21 janvier 2012

L'homme pressé



L’homme Pressé d’Édouard Molinaro, 1977. Voilà un film qui m’avait marqué à sa sortie. Un film que je n’ai jamais tout à fait oublié même si je ne l’ai jamais revu depuis. 
J’avais 14 ans. 
Vous vous souvenez, je vous ai déjà parlé de ce cinéma au coin de ma rue qui m’a un peu sauvé ma vie à l’adolescence? Ma mère m’y envoyait pour avoir la paix. Quand je lui demandais du fric pour me payer un film, elle ne m’a jamais dit non. J’imagine qu’elle aimait mieux me savoir là que de traîner dans les rues obscures et mal famées de Repentigny. (Hum!) Elle n’a jamais su qu’elle aura autant contribué ainsi à construire mon amour du cinéma. Enfin bref, c’est dans ce cinéma que j’ai vu ce film. Je me souviens même que j’y étais allé seul, comme il m’arrivait tellement souvent à cette époque. Mes amis n’allaient au cinoche qu’en bande. Moi ça me faisait chier parce que ça déconnait trop et je n’arrivais pas à me concentrer. Au mieux, j’y allais qu’avec un pote ou deux, pas plus. Des mecs comme moi qui aimaient le cinéma et qui se fermaient la gueule pendant la projection. Après, on allait à la crèmerie du coin où l’on se prenait un milkshake pour reparler du film qu’on venait de voir. C’était chouette. Mais bon, L’Homme Pressé, je me souviens que je l’ai vu seul. Je me souviens même de l’endroit précis ou j’étais assis dans la salle. Troisième rangée en avant, en plein centre. C’était ma place. 
Je me souviens de ce film, je disais. Je me souviens surtout de l’effet produit. Le jeu  puissant d’Alain Delon dans ce rôle complètement pété d’un type qui ne prend pas le temps de vivre et qui passe tout son temps à acheter des oeuvres. Je me souviens de la fin coup de poing que je ne raconterai pas ici pour ne pas coupe de punch, mais qui m’avait marqué salement. J’ai appris le cinéma dans les années ’70, c’est à dire dans cette France post soixante-huitard ou dans cette Amérique en plein bourbier du Vietnam. Forcément, les happy hending, ça n’existait pas. Ou si peu. C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’ai beaucoup de difficultés à digérer le cinéma américain grand public. Non pas parce qu’il est grand public, mais parce qu’il tente trop de plaire au grand public. Peur de déplaire en ne faisant plus mourir personne à la fin. Moi, j’aime bien quand le héros y meurt à la fin, comme dirait Renaud. Et je me suis souvent demandé, avec les années, pourquoi ce film me revenait sans cesse à l’esprit quand je repensais à mes listes de films qui m’avaient le plus marqué. Pourquoi lui que je n’ai vu qu’une fois à 14 ans? Pour l’effet qu’il m’avait laissé. J’avais été captivé d’un bout à l’autre, de la première à la dernière seconde. Puis, plus tard, j’ai compris en réalisant que c’était Édouard Molinaro (que je ne connaissais pas à l’époque) qui avait réalisé l’oeuvre. Ok, son parcours n’est pas fait que de chefs d’oeuvres, mais quand il est en forme, il torche des culs! (Le Souper ou Beaumarchais L’Insolent, ça vous dit quelque chose?)
J’aimerais beaucoup revoir ce film. Mais en même temps, j’ai peur un peu d’être déçu. Parfois, vaut mieux ne pas trop tripatouiller dans ses souvenirs et ne garder que les parfums qui en émanent de l’enfance (ou de l’adolescence, comme ici)

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