Je loue mon chalet. Mais il se trouve qu’en ce moment, dès que je le loue, les locataires se mettent à déconner et à faire chier les voisins. Typique. On loue un chalet et du coup, on redevient barbare, fils des âges farouches et on se met à la quête du feu jusqu’au petit matin. On amène les chiens, la guitare, la bière et les tonnes d’amis et on s’installe autour d’un feu de camp (en pigeant grassement dans ma réserve de bois de chauffage) on se met à picoler et à gueuler parce que bon, on a loué un chalet et on a bien le droit quoi!
Hier mon voisin m’a appelé. M’a fait le topo du weekend. Un des chiens de mes locataires a attaqué son chien à lui. N’a pas apprécié. «Il l’a attaqué sur mon terrain à moi!» m’expliqua-t-il sur un ton plaintif. Comme si les chiens avaient les notions de la propriété et de l’arpentage. Mais bon, je comprenais son désespoir. C’est un bon mec, un peu bourru et un brin ermite. S’est retiré de la vie dès le premier jour de sa retraite et n’existe plus que pour terminer les rénovations éternelles de son chalet. Sorte de work in progress qui le tient occupé toute l’année.
L’autre semaine encore, c’était d’autres locataires avec d’autres chiens et des tentes de camping partout sur mon terrain. M’ont piqué mon kit d’ustensile à BBQ. Je ne sais vraiment pas pourquoi.
- Tu dois être en beau fusil, m’a dit ce même voisin bourru, mais sympa.
- Pas autant que fasciné. Pourquoi voler des ustensiles de BBQ? Et tout rouillés en plus!!
C’est vrai quoi. Il s’agissait de vestiges ayant appartenus à mon oncle et qui avaient passés les 25 derniers hivers dehors à se corroder sous la neige et la pluie. Je m’en servais uniquement pour tisonner les briquettes de charbons de bois. Le type, s’il a piqué ces saucisses avec ces outils, il doit être mort empoisonné à l’heure qu’il est. Enfin bref, après cette conversation téléphonique et toujours englué dans cette mélasse nostalgique dont j’ai parlé dans le texte précédent et qui faisait mention de Boy George et de la fille dont j’ai oublié le nom, mais pas son store jaune en carton, je me suis pris une longue marche sur la rue Mont-Royal en essayant de comprendre pourquoi au 21e siècle, il y avait des gens qui piquaient des ustensiles rouillés de BBQ dans un chalet loué à la semaine. Je ne juge pas remarquez, mais ça me fascine grave. J’imagine le mec revenu chez lui, défaisant ses bagages et qui dit à sa conjointe en lui montrant les objets dérobés :
- Regarde ma chérie, je lui ai piqué son kit d’ustensiles à BBQ à ce salaud! Tu voulais cesser de travailler et vivre comme une princesse? Et bien voilà, ton rêve va se réaliser mon amour. Tu sais combien on peut tirer de cette pince à saucisses et de cette spatule à boulette toute rouillée? Des millions!!! Oui, des millions de dollars ma chérie! Gniaak gniaaak gniaaak! Nous sommes riches mon amour! Riches!!! Mouuhaaa ha ha ha!!!
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