mardi 6 septembre 2011

Boy George et le coco de Pâques

Ces journées de septembre sans soleil avec ces ciels aux couleurs d’un fond de cendrier, ça te fout bien souvent une couche de nostalgie assez épaisse entre les deux oreilles. J’étais englué là-dedans ce weekend. Hier, je roulais en direction de Montréal après avoir passé quelques journées au chalet et je ne sais, on aurait dit que toutes les stations de radio s’étaient donné le mot pour en remettre encore une épaisseur. À un moment, voilà-t-y pas cette vieille chanson de Boy George qui défile comme ça, sans demander la permission ni excuse. Do you really want to hurt me je crois le titre. Je n’avais pas entendu ça depuis au moins 20 ans. Boy George, ce n’était pas mon truc à l’époque et ça ne l’est pas non plus aujourd’hui, mais allez savoir, sur le coup j’ai trouvé la chanson très belle. En fait, ce n’était pas autant la chanson que ce qu’elle ramenait.


- Et que ramenait-elle?


Des images, des flashs, des odeurs et même des couleurs de cette lointaine première moitiée de la décennie ’80. Ça m’a aussitôt fait voyager et alors que je roulais sur la 131, suivant la caravane de voitures qui descendaient du chalet après ce long weekend, je me suis revu dans cette chambre à coucher de cette fille que j’avais connue la veille. C’était un matin de printemps, genre, mai ou juin. Je me souviens qu’elle avait un store en carton IKEA, jaune, typiquement années ’80. Ce fut en effet la mode chez certains étudiants ou chez ceux qui n’avaient pas beaucoup d’argent. Quand le soleil tapait dedans, cela donnait à la chambre une ambiance saisissant. Je ne sais pas pourquoi, mais cette chambre et cet éclairage jaune pétant m’avaient donné l’impression d’être à l’intérieur de gros coco de Pâques. Un jaune festif, mais en même temps impossible. Je me souviens de ce moment. J’étais encore allongé dans le lit pendant qu’elle préparait le petit déjeuner. Je ne me souvenais pas de son nom et pendant que j’entendais le bacon frétiller dans la poêle, je m’efforçais de scruter dans ma mémoire pour trouver l’endroit où j’avais foutu son prénom. Je me souviens aussi que ça sentait la pisse de chat même si l’endroit était d’une propreté exemplaire. C’était une fille arrivée à Montréal depuis peu et qui ne connaissait personne. Aussi, s’était-elle entourée de deux chats en guise de colocataires. Deux espèces de monstres pas plus hauts que ça, mais qui déplaçaient de l’air comme une armée de Cosaques dans les steppes de Russie. Elle habitait un petit deux pièces dans cet immeuble déprimant au coin de Sherbrooke et Frontenac. Je ne me souviens pas si la radio jouait ce matin-là, mais assurément, c’était l’époque de la chanson de Boy George parce que merde, ces images ne me sont pas venues comme ça gratuitement dès que j’ai entendu les premières notes à la radio hier après-midi.

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