Il y a des manifs tous les jours à Rabat. Rien de violent et c’est toujours civilisé, mais c’est TOUS LES JOURS. On a qu’à prendre la direction du centre-ville et se rapprocher du parlement pour en voir passer deux ou trois pendant ce simple trajet. Aujourd’hui, jeudi 7 avril, c’était des bacheliers sans emplois qui dénonçaient leur condition de pauvreté. La plupart des gens à qui j’ai parlé sont derrière les manifestants. D’ailleurs, on a qu’à regarder l’enthousiasme des passants pour réaliser qu’il n’y a pas beaucoup de gens à Rabat qui sont contre le principe de ces manifestations. Mais attention, tout le monde prendra la peine de souligner (surtout à l’étranger que je suis) que ce n’est pas contre le roi, mais contre le gouvernement que l’on dit ouvertement corrompu.
De la terrasse où je me trouve en ce moment, je les entends chanter et scander des slogans que je ne comprends pas. Mais ça fait une douce musique d’espoir à mes oreilles.
Ce sont des profs, ce sont des bacheliers, ce sont des employés ordinaires ou chômeurs tout court. Des jeunes, des vieux, des femmes et des hommes. Leur chant remplit cette ville d’une symphonie surréaliste.
Mais c’est beau à entendre.
On sent que quelque chose est en train de se passer. Une gronde de moins en moins souterraine et qui ose de plus en plus exiger à voix haute, au grand jour, sans peur.
Il n’y a pas de police ni soldat. Le roi n’est pas si con que ça finalement.
Les manifs sont respectueuses et bien organisées. Il s’en dégage une énergie qui carbure plus à la fête qu’au désespoir. D’ailleurs ces manifs, c’est l’espoir justement. À leur passage, je ressens un puissant courant me traverser le corps. L’impression d’être le témoin privilégié d’un bouleversement tranquille.
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