« J'étais en train de marcher le long de la route avec deux amis - le soleil se couchait - soudain le ciel devint rouge sang – j'ai fait une pause, me sentant épuisé, et me suis appuyé contre la grille - il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir et de la ville - mes amis ont continué à marcher, et je suis resté là tremblant d'anxiété - et j'ai entendu un cri infini déchirer la Nature.
Edvard Munch
Ce que Munch ne pouvait savoir, c’est qu’il observait dans le ciel les effets de la terrible éruption du Krakatoa qui avait enveloppé le ciel de toute l’Europe d’un rouge flamboyant. Heureusement qu’il ne le savait pas d’ailleurs, parce que sinon jamais il n’aurait pu peindre l’angoisse avec une telle force expressive.
Car c’est exactement ça qu’il ressent et qu’il reproduit ici sans soucis de nuance esthétique: l’angoisse pure.
J’aime cette toile parce qu’elle représente bien notre temps selon l’angle qu’on veut bien lui donner. «Ce sang et ces langues de feu» dans le ciel, j’y vois par exemple l’avenir de l’humanité. Krakatoa c’est le non-respect du protocole de Kyoto. C’est aussi un peu la Libye. Le Japon. C’est l’appétit vorace et génocidaire des oligarchies.
Le Cri de Munch, c’est moi, c’est toi, c’est nous demain, après-demain ou dans 50 ans. C’est exactement cette gueule que fera l’ensemble du cheptel humain quand il se réveillera. Mais il sera hélas trop tard.
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