J’ai été retrouvé M... en début d’après-midi. Elle avait sorti un sofa d’appoint sur sa terrasse et lisait la grosse Presse du samedi quand je suis arrivé. Pareil comme si c’était l’été même s’il ne faisait que - 3 degrés. Mais avec le soleil, c’est vrai que nous étions bien.
À ses pieds, un gros chat gris couché sur le côté et qui ne se faisait pas chier. Il prenait aussi du soleil, mais se crissait complètement des cahiers de La Presse. On ne sait pas d’où il vient ce chat, mais il est comme chez lui sur la terrasse de M...
Moi aussi je suis chez moi sur sa terrasse, mais je n’irai jamais me coucher sur ses journaux. J’ai plus de classe que ça.
J’ai aussitôt retiré mon manteau en ne gardant que mon pull de laine troué qui me donne toujours des remarques sarcastiques de M... qui ne comprend pas ma fixation pour mes vêtements troués.
Ce n’est pas une question de fixation, mais de confort.
Les filles, faut toujours tout leur expliquer.
Je me suis fait un café que j’ai bu avec elle, mais sans en donner au chat qui s’en crissait complètement de toute manière. Il venait de se tourner sur le dos.
On devait aller voir une expo et acheter de l’huile d’olive. Comme nous nous sentions tous les deux un peu paresseux, on a laissé tomber l’expo pour se concentrer uniquement sur l’huile d’olive.
Pour s’y rendre, on a pris la voiture à M... qui est très chouette parce qu’elle a des sièges chauffants. J’adore me faire chauffer le cul en voiture, même l’été. Ce qui fait toujours réagir M... qui ne comprend pas ma fixation pour ses sièges chauffants. (sans parler qu’elle va encore me faire remarquer que j’écris sur mon cul.)
C’est une dame fort sympa qui vend ces produits en importation privée. Elle fait ça un peu par passe-temps et beaucoup par passion. Ça vient d’un petit village d’Italie où elle a habité pendant quelque temps. Elle nous a tout expliqué ça, mais je n’écoutais pas vraiment. Je voulais juste acheter mes bouteilles et crisser mon camp.
Je souffre parfois d’insociabilité sévère. Ça me prend comme ça, sans prévenir. C’est con parce que la femme et son mari étaient vraiment gentils et racontaient des trucs très intéressants.
Il y avait un piano droit dans le salon et aussi des étuis à violon, je crois. Des tableaux aux murs, des meubles en bois, des livres, des CD de musique, des dessins d’enfants accrochés ici et là. Petite famille modèle dont on devine facilement que les enfants ne finiront pas leur vie en prison.
Je ne sais pas pourquoi j’ai remarqué ça, mais le mari parlait lentement en te regardant droit dans les yeux tout en souriant.
Ça m’a marqué.
Je n’ai pas demandé ce qu’il faisait dans la vie, mais je dirais qu’il est psy ou quelque chose comme ça.
J’ai acheté deux bouteilles et six pour M... qui voulait en donner à sa famille. M... achète toujours plus pour en donner à tout le monde.
En revenant chez elle, le chat n’était plus là. On en a profité pour sortir ma paperasse de passeport pour que M... se porte garante de ma personne et jure sur son honneur de M... et de son vrai nom sur son passeport à elle qu’elle me connaît et que c’est bien moi le figurant dont la figure figure sur la photo.
Après ça, je l’ai laissée chercher ses billets de théâtre qu’elle ne se souvenait même plus où elle les avait planqué et je me suis dirigé vers une succursale du Nord de la ville pour y laisser un tract de mobilisation et acheter une bouteille au passage. ... (le reste, environ trois paragraphes, est censuré)...
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