samedi 26 février 2011

Gojira Vs Agarena Cabernet Sauvignon-Tempranillo

http://www.youtube.com/watch?v=9Z40Msk2jys&feature=related


Gojira (ou Godzilla pour les non-Japonais que nous sommes), film de 1954. Réalisé par le légendaire Ishirô Honda. Le premier film de monstre japonais. Forcément, le premier Godzilla aussi. Sans contredit le meilleur. Son aspect lugubre et angoissant le démarque de la pléthore de remakes médiocres et benêts qui s’échelonneront sur plus de 50 ans.

Un peu comme les Rocky quoi. Le premier est un accident génial. Les autres qui suivront ne seront qu’une succession de pressage de citron inintéressant et totalement stupide.

Si vous vous amusez à chercher les notes données par les plus grands critiques de cinéma, vous découvrirez que ce film les rend tous fous. Les variations vont en effet de pur navet à pur chef-d'oeuvre. Rien de moins les enfants.

En fait, ce film est un intéressant exercice pour la formation des jeunes critiques de cinéma.

On ne peut pas comprendre la portée traumatique de ce film si on tente de l’analyser uniquement sous son aspect artistique. Ce film est beaucoup plus que ça. C’est un stigmate cinématographique de l’horreur causé par Hiroshima et Nagasaki. En fait, c’est moins un film qu’une tentative inconsciente d’exorciser l’apocalypse nucléaire vécue par les Japonais lors des deux bombardements atomiques. (Attention cependant. Ce film n’est sorti que deux ans plus tard aux USA avec un montage remanié pour y inclure une vision américaine du sujet. Le résultat est désastreux et les scènes retouchées deux ans plus tard mettant «en vedette» Raymond Burr sont totalement stupides. Avant de regarder ce film, assurez-vous que vous avez la version japonaise de 1954.)


Gojira est le produit d’un accident causé par un essai nucléaire sous marin. (Message gros comme le bras ici) Il se réveille après 2 millions d’années (autre message: force toute puissante sans intelligence... préhistorique...) Il sort de l’océan et attaque l’île du Japon. (Autre message : ennemi terrifiant venu de l’horizon. On entendrait presque ronronner au loin le moteur du bombardier Enola Gay ici) Il se met à tout péter sur son passage et est tout puissant. Imbattable. Les dommages causés sont apocalyptiques. (Message on ne peut plus clair : Hiroshima, Nagasaki) Le seul qui possède la possibilité de le tuer est un scientifique humaniste qui a découvert une arme encore plus terrifiante que la bombe nucléaire. Va-t-il utiliser sa découverte pour tuer le monstre? Si oui, sa découverte risque de tomber entre les mains de personnes peu scrupuleuses qui en feront assurément une arme contre les humains. Mais s’il ne l’utilise pas, fichtre! Des milliers d’humains mourront. Bon Dieu, mais que faire??? (Message: Dilemme moral ici qui renvoie directement aux scientifiques sous les ordres de Oppenheimer ayant travaillés à la création de la Bombe sur le projet Manhattan.) Après un long questionnement, il décide d’utiliser sa découverte une seule fois, question de sauver l’humanité juste après le souper et avant les infos de fin de soirée. La routine quoi. Après cette formalité accomplie, il brûle ses papiers et se suicide. Mais est-ce vraiment la fin? Pas certain puisque le film se termine sur les propos on ne peut plus nébuleux du vieux professeur qui affirme en regardant droit la caméra (ou presque) que tant qu’il existera des essais nucléaires sur la planète, d’autres Gojira risquent de renaître ici et là sur le monde. (Message à l’humanité: Pour la survie de notre espèce, plus jamais de Hiroshima svp!)


Film noir et blanc avec de jolis contrastes. Une trame sonore ahurissante qui a très certainement fait frémir les cinéphiles préhistoriques de 1954. Une représentation d’un Japon qui hésiterait entre l’américanisation forcée et son histoire ancestrale. Le jeu des acteurs n’est pas toujours au top niveau, mais cela ajoute un je ne sais quoi de sympa à la sauce. Les scènes de démolition des villes se déroulent toujours la nuit, ce qui gomme efficacement certaines imperfections qui passeraient moins bien à l’écran sous un éclairage de jour. J’ai adoré revoir ces petits modèles réduits de voitures et de bateaux qui se font démolir. Pour les plus jeunes, sachez que même quand nous étions petits, nous n’étions pas dupes pour autant. Ces artifices nous faisaient débander par leur aspect petit budget cheapo. Mais aujourd’hui, je trouve ça tout à fait charmant et j’en redemande en applaudissant des deux mains (Parce que bon, applaudir d’une seule main, c’est pas aussi facile qu’on pourrait le penser. Essayez pour voir et vous m’en reparlerez demain à la cafétéria).


J’ai regardé ça en mangeant un ragoût de boeuf que j’ai cuisiné moi-même avec mes petits doigts parce que je n’ai plus de blonde depuis au moins 300 ans qui pourrait cuisiner pour moi. Avec ça, une salade de couscous avec tomates, poivrons verts, brocoli + assaisonnement artisanal importé de la Corse et offert dans des petits pots par M... lors de son dernier voyage. Une goutte d’huile d’olive. Sel, poivre. Vin d’accompagnement : Agarena. Cabernet Sauvignon et Tempranillo. Espagne. Pas un grand vin, mais à $8 et des poussières, c’est très très très très correct. Surtout pour boire pendant un film de monstres. Les films de monstres et les vins cheapettes espagnoles, il me semble que ça va très bien ensemble. C’est pas comme les salades de couscous. Car ça ne parait pas comme ça, mais une salade de couscous, ça bourre en criss. Surtout vers la fin. Et justement, j’ai pas été foutu de la terminer. Je sais que ça vous intéresse et c’est pour ça que je m’empresse de vous en parler avec autant de détails.

C’est comme ma dent et mes hémorroïdes, des sujets de fond qui emballent les milliers de lecteurs de ce blogue.

Si j’étais réalisateur de films de monstres japonais, je me ferais un petit film sympa dont le sujet ferait sérieusement questionner la société. Ça serait l’histoire très poignante d’un type qui souffre d’hémorroïdes. Un jour, après un examen du cul qui aurait mal tourné, les hémorroïdes du mec auraient profité d’un moment d’inattention du docteur pour s’échapper de la salle d’observation et aller se planquer dans un conteneur stocké dans le vieux port de Montréal et déchargé là par un bateau en provenance de Moscou. Manque de chance, le conteneur contiendrait des déchets radioactifs qui, en contact avec les hémorroïdes, auraient provoqué une inflammation titanesque desdites hémorroïdes. Une heure plus tard, les voilà-t-y pas aussi grosses que la place Ville-Marie. Elles se mettent alors à tout démolir et l’armée canadienne ne sait plus quoi faire de ces hémorroïdes géantes qui dévastent tout sur leur passage sans même prendre la peine de s’essuyer les pieds avant d’entrer chez l’habitant. Un type arrive, un scientifique spécialiste du cul qui aurait découvert une arme secrète pour tuer les maux de cul du monde entier. Mais il se confronterait à un problème moral immense. Devrait-il en effet utiliser sa découverte pour tuer des hémorroïdes géantes qui passent leur temps à manger les antennes plantées sur le top de la croix du Mont-Royal en sachant très bien qu’un jour, des personnes mal intentionnées pourraient utiliser sa découverte à des fins guerrières? Sans parler qu’il doit en même temps se confronter à son vieux professeur qui ne demanderait pas mieux que de préserver les hémorroïdes pour les étudier plus en profondeur et qui sait, pouvoir du même coup les réinsérer socialement. On nage ici en plein drame social et j’ai beau me pencher plus en avant sur le scénario, je n’arrive pas à le terminer tellement c’est poignant d’émotivité.

Aucun commentaire: