mercredi 26 janvier 2011

Rocket Manga

Poursuivons dans la peinture puisque depuis que je suis devenu peintre contemporain, y a que ça qui m’allume.

Je viens de terminer une toile dont je peux dire sans pudeur aucune que j’en suis pas mal fier. En gros, j’ai voulu me taper une célèbre photo de Maurice Richard comme mon Didier Pitre de la dernière fois. Parce que moi tu vois, je n’ai pas de technique avec un pinceau et je dois ramer fort pour rendre sur le tableau ce que j’ai en tête. Je gosse plus que je peins. Alors comme pour Didier, je me suis dit que je ne me casserai pas le cul avec les détails et que j’allais y aller pour l’effet, l’ambiance, l’humeur et puis fuck le reste comme on dit dans les chaumières de St-Zénon. J’allais juste m’amuser. De toute manière, c’est sans doute la seule manière de faire.

Qu’en dites-vous dans la salle?

J’ai eu la bonne idée de prendre quelques photos pendant la création de l’oeuvre et une finale après avoir l’avoir terminé.

Faut savoir que toutes mes photos sont floues et ne me demandez pas pourquoi. C’est comme ça et on n’en reparle plus.

Voici donc la première alors que je venais de remettre du blanc sur les patins de Maurice pour les refaire parce qu’ils étaient totalement à chier.

Pas évident de faire des pieds. J’avais oublié d’en parler la dernière fois quand je dissertais philosophiquement sur les nez et les mains.

Vous noterez que le maillot du Rocket n’est pas terminé sur cette photo. C’est que comme la cerise sur le gâteau, je me gardais le logo pour la fin. Et en plus, c’est le logo des années ’50, celui que je préfère dessiner.

Voici un détail. Notez la stylisation remarquable du visage de Maurice. Il y a quelque chose de la BD manga Japonaise dans mon coup de pinceau vous ne trouvez pas? Je ne sais pas comment je m’y suis pris, mais je ne déteste pas du tout. Au contraire, je trouve ça chouette. J’ai tracé son visage d’un seul coup, à mon grand étonnement. Par contre, j’ai un peu plus ramé pour celui du gardien de but. Il ne se ressemble pas du tout, mais je m’en tape comme de ma première paire de bottes. L’idée c’était de montrer les deux éclopés après une furieuse guerre sur la glace. Henry s’était mangé une rondelle dans le visage pendant cette partie et en était resté avec un oeil au beurre noir. C’est la fameuse partie où Maurice s’était fait mettre KO mais était revenu à la fin du match pour marquer le but gagnant. Un but de légende dont il n’a gardé aucun souvenir tant il était amoché. (J’ai déjà parlé de cette photo dans ce blog il y a des mois de ça.)

Le même détail, mais en plan un peu plus reculé et après avoir gossé sur le sigle. J’aime mon sigle. C’est un beau sigle comme je faisais sans relâche dans ma classe de 5e pendant que madame Bernèche expliquait des trucs en rapport avec le français ou les maths, mais qui n’étaient pas intéressants du tout.

Voyez les mains comment je ne me suis pas fait chier du tout. Quelque lignes grossièrement suggérées et hop! On passe à autre chose. Laissons les aveugles dire que le borgne est roi. Faut pas se prendre pour ce que l’on n’est pas.

Je n’ai pas respecté l’aspect des maillots de l’époque. Surtout pour celui des Bruins. En 1952, au niveau des épaules, il n’y avait pas de ligne blanche qui ceinturait la bande jaune. Je l’ai rajouté dans le simple but de donner une continuité avec les bandes blanches des coudes et de la taille. Pour les deux bandes rouges à la taille du Rocket, je ne suis pas certain. Il se peut qu’elles fussent rouge et bleue avec un espace blanc au milieu. Mais je me suis fié aux bandes de couleur rouge sur les jambes. Je me suis dit que ça devait être la même chose pour la taille. Ma photorepère était en noir et blanc et je devais deviner. Remarquez, j’aurais pu faire une rapide recherche sur le Net, mais comme je suis un peintre contemporain, je me suis laissé guider par mon instinct.

J’ai laissé des coulisses de rouges sur les épaules de Maurice suggérant (mais non signifiant) le sang de sa blessure. Ça fait un pont avec le jaune dégoulinant de gardien de but. Ça peut vouloir dire aussi une symbolique de sang et de sueur perlant sur les deux guerriers. Comme ça peut aussi ne rien dire du tout. Une cocasserie graphique de l’artiste. Et Dieu sait comment il peut se montrer cocasse parfois, surtout lors des soupers de boulot quand il se met à vomir partout après avoir passé la soirée à demander de coucher à toutes ses collègues. ((Mais non maman! Je déconne! (Il faut que je spécifie parce que ma mère qui est une habituée de ce blogue croit dur comme fer tout ce que je raconte ici. Par exemple, elle croyait que j’avais vraiment été diner aux chandelles avec Ingrid Bétancourt. Remarquez, j’avais une amie qui croyait que j’étais vraiment sorti avec la chanteuse des Pretenders quand j’avais déliré sur ce sujet.)) Bon, qu’est-ce que je disais déjà?

Passons à la photo suivante si vous le voulez bien.

Suivez le guide et faites attention à la marche.

Cette dernière photo montre la chose à peu près terminée. (Manque ma célèbre signature.) Elle montre aussi une partie de mon salon dans lequel j’ai accouché de cette incomparable toile. Je ne sais pas pourquoi je ne travaille pas dans le sous-sol. J’ai toute la place voulue, mais je m’obstine à rester en haut pour torcher mes toiles. Il doit y avoir une explication logique à la chose, mais je ne la trouve pas.

Elle fait 40 X 60, ce qui est assez impressionnant quand on l’a en face de sa gueule. Même si j’aime le résultat final, j’ai complètement passé à côté de ce que je voulais faire. Je voulais me refaire une manière de Didier Pitre contemporain. Mais je me suis laissé aller à vouloir rendre reconnaissable le visage du Rocket et du coup, le reste a suivi. C’est extrêmement difficile de déconstruire son coup de crayon, même avec un pinceau. Il faut aller contre son cerveau qui ne cesse de te dire «mais non, pas comme ça!!». Comme quoi mon vieux, tu n’es pas aussi libre que tu penses.

Qu’est-ce que je disais déjà l’autre jour?

«La pire censure est celle que nous nous imposons».

Oui, mais, bon, ce n’est quand même pas si mal. La prochaine fois je vais faire un Georges Vézina comme vous n’en avez jamais vu. Sur 5 pieds de haut, ça risque de torcher grave.


Bonne nuit les amis.

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