jeudi 16 décembre 2010

Le coude

J’avais, sur le coude, une bosse grosse comme une balle de golf. Une protubérance affolante apparue quelque part entre samedi et lundi dernier. C’est en effet lundi que je m’en suis aperçu mais c’est le samedi précédent que je me suis cogné le coude au travail produisant une sorte de décharge électrique. Mais je n’y ai pas fait attention puisque la douleur s’était rapidement dissipée.

Ladite bosse semblait être le résultat d’une accumulation d'un liquide mystérieux et quand j’appuyais nerveusement dessus avec mon doigt tout en sifflant (je siffle toujours quand j’explore avec mon doigt une partie de mon corps affligée par une blessure... ça rend la chose moins douloureuse), l’effet était le même que si j’avais mis le doigt sur un ballon rempli d’eau. Ça ne faisait pas mal, mais je sentais un léger engourdissement dans le bras. Il n’en fallait pas plus pour que l’hypocondriaque en moi ne s’affole et y voit le début d’un processus de liquéfaction interne de mon organisme menant directement à une mort certaine ou, au pire, à une hydrocéphalie grimpante du type «Elephant man» de David Lynch, même si je sais que le sujet du film n'est pas l'hydrocéphalie mais bien... heu...un autre type de dégénérescence fucked up, comme l'aurait si bien dit Lamartine.


Moi lors de ma crise d'hypocondriaque

m'imaginant en train de franchir

les portes du Centre Bell.


Je devais donc me rendre à la clinique ce matin, ce qui m’a fait doublement chier parce que, d’une part, je déteste me rendre dans les cliniques où l'odeur qui y flotte sent toujours un peu la fin de l’existence et d’autre part, parce que j’avais un meeting important... (Censuré) ... devant mener à des «pistes de solutions» (termes à la mode dont j’ai déjà traité dans ce blogue)

Les pistes de solutions, ça me fait toujours penser à mon père quand il partait à la chasse. Mon père a été effet le premier chasseur écologique de sa génération, ne tuant jamais de bête mais revenant toujours à la maison avec des tas d’histoires palpitantes où il avaient vues des milliers de pistes dans les sentiers de la forêt. Ce qui faisait immanquablement dire à ma mère qui ne manquait jamais d’humour que les soupes aux pistes ne nourrissaient pas beaucoup la famille.

À la clinique, ce fut une jeune Vietnamienne qui m’a traité. J’avais l’impression qu’elle avait 12 ans malgré une dentition proéminente. Quand elle a vu mon coude, elle a dit «Ah! C’est juste une inflammation». J’étais un peu déçu de sa réaction parce que je croyais vraiment l’épater avec ma bosse dans le coude. Du coup, elle m’a fait assoir sur sa table d’observation et j’étais bien content qu’elle ne me demande pas de me dénuder pour me tâter les couilles en me demandant de tousser parce que le papier protecteur sur ladite table d’observation était déjà froissé par le précédent visiteur et que franchement, je n’aurais pas voulu me coller les fesses sur un papier protecteur déjà utilisé par un précédent visiteur dont j’ignorais tout de ses tendances politiques. Elle s’est approchée avec une seringue grosse comme une tour Eiffel et m’a piqué le coude pour m’en extraire le jus accumulé. Elle m’a dit : «Prenez une grande respiration... ça va piquer un peu.» Pour lui montrer que je n’étais pas du type chochotte, je me suis mis à parler d’une manière très décontractée pendant qu’elle me plantait son instrument dans la peau. Le liquide qu’elle extirpait de mon corps était brunâtre comme un rhum des Antilles alors que je m’attendais à ce qu’il fût rouge comme du vin de Bordeaux.

Et puis ce fut tout.

Aucun commentaire: