lundi 23 novembre 2009

D'une toile on en arrive à parler de tout et de rien.



(C) Blam


C'est chouette d'avoir un ami qui peint comme un dieu. Je me suis payé cette toile aujourd'hui en allant prendre un café chez lui. Ça faisait quelque temps qu'elle me titillait.
J'ai craqué cet après-midi en buvant mon café.

Je connais Blam depuis le CEGEP Arts Plastiques. On a un peu fait le Vietnam du Vieux-Montréal ensemble. Je veux dire qu'on a écumé les mêmes bars en partageant nos logements d'étudiants tout en pochant nos cours. Lui c'était un artiste et moi j'étais quelque chose d'indéfinissable.
Arts Plastiques? pourquoi pas!
C'était l'un des seuls domaines qui ne demandaient pas grand chose.
J'ai appris à dessiner un peu en le plagiant honteusement sans jamais parvenir à atteindre le mollet de son talent. On ne se faisait pas chier à cette époque. Pas de boulot, pas trop de cours mais beaucoup de bières et des montagnes de pizzas qu'on se faisait livrer.
Et puis du pain et du café instant le reste du temps parce que nous n'avions pas un rond pour nous payer autre chose. Et puis des discussions qui traversaient les nuits et qui se terminaient souvent quand le soleil se levait.
- Bohème? Vous avez dit bohème?
Ça fera quelque chose comme 30 ans l'an prochain.

Combien ais-je dit? 30 ans???
Ouf... !!

Il y avait encore à cette époque quelques cafés sur St-Denis où tu pouvais fumer tes pétards sans te faire chier. La Café La Galoche en était un. Il était situé juste en face du Théâtre St-Denis. C'était un vrai Café de granole avec des nappes à carreaux rouges et blancs sur les tables. Un truc un peu sombre qui ressemblait à une caverne. Je me souviens du plancher de ciment peint en rouge foncé. Les murs de pierres. Les cassettes de Jacques Brel qui jouaient en boucle.
Plus loin, sur la rue Ontario et juste à l'ouest du CEGEP, il y avait un bar qui s'appelait Les Joyeux Naufragés. Un trou à jazz pas plus gros qu'une remise de jardin. Je me souviens des sofas défoncés et des caisses de bois qui servaient de tables. Je me souviens d'avoir vu jouer Vic Voguel et Guy Nadon à cet endroit.
Pour le prix d'une bière.
Plus haut sur St-Denis, à l'endroit même où se trouve aujourd'hui le bar l'Amère à Boire, il y avait un bar qui s'appelait Le Quartier Latin. (Ne pas confondre avec le Quartier Latin d'aujourd'hui qui se trouve sur Ontario près de Sanguinette). Les chiottes étaient à l'étage et pour s'y rendre, on passait à côté d'une large tablette camouflée derrière un rideau. Sur cette tablette, le proprio y "cachait" sa réserve de bouteilles.
Combien en ais-je piqué de ces bouteilles?
Au coin de Sherbrooke et St-Denis, tout un bloc de taudis qui sentaient la pisse et les poubelles oubliées. Un vrai trou à rats où il m'est arrivé à quelques occasions d'aller m'y réchauffer en buvant de la bière tout en attendant le dernier bus de la nuit. N'y habitaient là que des chambreurs à demi clochards, des immigrants vietnamiens sans le sou, des putes et des dealers. Aujourd'hui, ces mêmes bâtissent sont devenus des condos de luxe qui coûtent la peau des fesses.
À cette époque, un verre de bière pression ne coûtait même pas un dollar dans les tavernes. Le paquet de clopes coûtait $1.10. Pour $20, tu pouvais passer une soirée d'enfer et tu revenais au logement à quatre pattes.
Un logement de sept pièces sur la rue Rachel en face du Parc Lafontaine coûtait 300$ de loyer. Je le sais parce que j'habitais là. C'était grand comme un terrain de football. Et le pire c'est qu'on parvenait à payer en retard. Ou pas du tout.
Il n'y avait pas de pistes cyclables dans ce temps là. Ni de cellulaire. Ni de cartes de guichet. Ni de jeux vidéo. Ni de chaînes télé spécialisées. Ni de CD. Ni de caméras de surveillance. Ni d'afficheurs téléphonique. Ni d'ordinateurs personnel. Ni de Wal-Mart. Ni de commerces ouverts les dimanches.
Mais il y avait autre chose.
Quoi exactement?
J'sais pas. Autre chose.
Un peu plus de temps peut-être.
Nostalgique de cette époque?
Non, pas vraiment. Autre temps autres mœurs comme on dit. J'aime bien mon époque et j'aurais beaucoup de difficulté à me passer d'internet, de ma carte de guichet, de mes films que je peux regarder sur mon portable dans le confort douillet de mon chalet. Mais parfois, c'est vrai, je me dit que tout ça va trop vite. On annonçait cette semaine que je ne sais quel gros joueur de l'informatique était parvenu à créer l'équivalent virtuel du cerveau d'un chat. Ils prévoient pouvoir en faire autant d'ici dix ans avec le cerveau humain.
Je ne sais pas quoi penser de cette avancée technologique.
Il y aura assurément dans le futur une fusion entre l'homme biologique et l'homme informatique. C'est déjà commencé. Le mois dernier, on parlait de cet amputé en Irlande qui peut désormais actionner ses bras et mains artificiels grâce à des composantes informatiques reliées au cerveau et qu'il actionne par la pensée, exactement comme le commun des mortels biologiques.
Un cyborg de première génération quoi.

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