
Et à l'automne revenu, ils revenaient s'entretuer sur la glace pour les 8 prochains mois.
Les carrières étaient écourtées par des blessures soignées à peu près. Par des coachs qui abusaient sans pitié de ces corps meurtris. Par des jeunes qui attendaient par dizaines de milliers pour prendre la place d'un de ces 80 réguliers éparpillés dans les 6 équipes. Ces derniers n'avaient pas le temps d'être malade, d'être blessé ou juste d'être médiocre. Il fallait qu'ils se battent toujours, tout le temps. Contre l'équipe adverse et contre ceux de leur propre camp, les plus jeunes, qui poussaient et qui piaffaient d'impatience de montrer ce dont ils étaient capable.
Des affamés eux aussi.
Des exploités en somme.
Des esclaves abandonnés dans une grande arène pour amuser le peuple.
Cela donnait des parties de hockey qui ressemblaient à autant de guerres. Les tricheurs n'existaient pas. On ne peut pas tricher quand on joue sa paie à chaque match. Quand on joue son steak à chaque période. Quand on joue sa vie à chaque présence. Les conditions étaient affreuses.
Depuis que je suis tout petit, cette photo m'a toujours fasciné. La scène semble irréelle, presque chorégraphiée par le photographe. Le gardien des Bruins semble se prosterner devant le Rocket. Ce dernier ressemble à un soldat chimérique venant de décimer l'armée ennemie à lui seul. Il y a dans le regard que lui porte le gardien, un mélange de respect et de crainte. Ce n'est pas une poignée de main qu'il lui offre, mais une soumission complète soulignée doublement par la courbure de son dos. On a l'impression que dans les secondes qui vont suivre, les vaincus viendront déposer les armes aux pieds du Rocket.
Enfin, bref, c'était juste pour dire que Montréal a battu Boston hier et que le Rocket a marqué le but gagnant.
Comme toujours.
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