mercredi 18 février 2009

Se passer

Je reviens d'un souper avec ma fille et sa maman. Un joli petit restaurant sur la rue Hôtel-de-ville. Cuisine française délicieuse, portions généreuses, ambiance sympathique, un endroit tout à fait charmant. Bistro l'Entre Pont. http://www.bistrolentrepont.com/

Quand on se revoit la maman de ma fille et moi, j'en profite toujours pour lui demander des nouvelles de ces gens qui vivaient dans mon quotidien à l'époque de plus en plus lointaine de mon autre vie. J'ai appris ce soir le décès du père d'un de mes anciens amis. Un monsieur sympa que j'avais vu à quelques occasions.
Et puis dans le même ton, j'ai aussi appris le suicide d'un mec que je connaissais mais que je n'avais pas revu depuis des siècles.
Un type un peu spécial. Marginal non par conviction, mais parce que ses maigres moyens sociaux ne lui donnaient pas d'autres choix. Un type qui n'avait pas de chance. Un type qui n'avait pas beaucoup d'amis. Solitaire par obligation. Maladroit dans ses approches, puceau aussi je crois. Généralement, l'un ne va pas sans l'autre.
Je ne sais pas comment il a décidé de terminer tout ça. Corde, balle, couteau, saut du haut d'un pont, l'histoire ne le disait pas. Mais ça n'a pas beaucoup d'importance. Ce qui m'étonne par contre c'est de savoir qu'il l'a fait.
Il vient ainsi d'augmenter la statistique des anciens militaires qui mettent fin à leurs jours.

Du coup, ça me fait penser à mon voisin du chalet. Lui aussi est un ex militaire et lui aussi a des tendances particulières pour les déprimes profondes. Il en parle des fois quand son moral est à ramasser à la petite cuillère. Il ne dit pas "Je vais me tuer" ou "Je vais me suicider". Il dit simplement: " Quand j'en aurai assez, j'me manquerai pas."
Et je sais qu'il a en ce moment tout ce qu'il faut pour terminer le dossier. Anti-dépresseur, solitude extrême, assistance sociale, isolement complet, vie sociale inexistante, revenu bien en deçà du seuil de la pauvreté, sans voiture, dettes, alcool, dope, ajoutons à cela une propension à la paranoïa et nous avons là une véritable bombe à retardement.
Quand je l'ai vu la semaine dernière, il n'allait vraiment pas bien. Même qu'il m'a fait peur un peu en pleurant pour des conneries. Je suis resté là plus longtemps que prévu, essayant de lui apporter un peu de support. Il n'avait plus un rond et espérait de la neige parce qu'il se tape des petits contrats de déneigement de toitures ici et là au village et qui lui donnent un peu de fric. Mais ça faisait quelques jours qu'il ne neigeait pas. Ou du moins, pas assez pour fasse appel à ses services et son frigo en souffrait. Il n'y avait rien dedans. Et si je le sais, c'est que j'ai regardé pendant qu'il était aux chiottes. Tout était vide sur les trois tablettes. Et quand je dis vide, c'est vide! Rien! Nada! Même pas un bout d'oignon pourri qu'il aurait pu gruger.
Il ne m'emprunte jamais d'argent. Il a son orgueil. À la place, il me vend des trucs. Bottes de neige, leurres pour la pêche, ventilateur, il me sort toujours une bidule qui pourrait m'intéresser mais ça me met chaque fois mal à l'aise. Ce jour là, il cherchait à me vendre un paire de ski qu'un voisin lui avait échangé pour je ne sais quel travaux qu'il avait effectué. Mais moi le ski, je n'en fait pas. J'ai alors prétexté un course rapide à faire au village et j'en ai profité pour lui faire une petite épicerie. Quand il m'a vu revenir avec ma boîte remplie de bouffe, il s'est mis à chialer comme un enfant.
C'est très déstabilisant comme relation de voisinage.

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