Outre celle concernant la place de l'Homo sapiens dans l'échelle de l'évolution, je me suis aussi arrêté à une autre cogitation, plus personnelle celle-là et surtout plus persistante.
Je ressens en ce moment une folle envie de prendre mon baluchon et d'aller voir de l'autre côté de l'océan si j'y suis. Si je m'écoutais, là, maintenant, je m'habillerais et prendrais la direction de l'aéroport sans regarder en arrière et je prendrais le premier avion pour le vieux continent.
Pour un voyage?
Non, pour me lancer dans une bohême sans date de retour prévue.
J'y pense beaucoup ces temps-ci en essayant de cerner ce qui m'empêche de le faire et ce qui me motive à le faire.
Je n'ai plus d'attache ici, ma fille étant sur le point de quitter cette partie du globe pour les 12 prochains mois. Je n'ai pas d'amoureuse autres que les 387 932 serveuses de café (surtout celle de la Brûlerie du Roy à Joliette. Laquelle déjà?...) et employées de chez Renaud Bray, je n'ai pas d'hypothèque de maison à payer, ma vieille Tercel toute pourrie agonise doucement sans faire de bruit, le CH ne remportera pas la coupe Stanley, j'ai l'équivalent de deux semaines pleines de lessive à faire et j'entends ma vieille voisine parler toute seule quand elle est dans son bain. J'ai aussi 45 ans, bientôt 46 et si je ne me grouille pas le cul bientôt, le vieux continent se transformera du jour au lendemain en vieil incontinent. (Oui bon, je sais, elle était facile à faire celle-là)
Ce qui m'empêche de le faire?
La peur, bien sûr.
La peur de me retrouver dans quelques années d'ici avec rien pour mes vieux jours. Déjà que je n'ai absolument rien pour mes jours d'aujourd'hui, à part quelques dettes, cinq cannes à pêche et du café pour le reste de la semaine, il est assez angoissant de se projeter dans l'avenir en se voyant devenu une charge pour la société... ou pire, pour ma fille. Je ne voudrais pas terminer mes jours abandonné dans une chambre de résidence pour personnes âgées, mal torché et mal nourri par la curatelle public. (À moins bien sûr que ladite Curatelle en question soit une grande blonde bien roulée de 25 ans ayant un penchant indéniablement vicieux pour les vieillards de mon espèce. Là ouais, peut-être, je pourrais faire quelques compromis) C'est le genre de chose qui commence à faire son chemin dans l'esprit de celui qui a passé sa vie à ne pas vouloir suivre le troupeau et qui est sur le point de se confronter aux premiers paiements sociaux de cette vie un peu marginale.
Je me suis toujours dit que si j'en arrivais là, j'opterais pour la solution d'Ernest Hemingway et que je terminerais ça par une balle dans la tête. Mais aurais-je le courage de le faire?
Une balle dans la tête, ça doit faire quand même mal un tout petit peu quand ça pénètre la boîte crânienne.
J'ai un boulot, un boulot de merde certes, mais un boulot quand même. Assuré à vie et assez bien payé compte tenu de ce qu'on me demande. Mais voilà, et je le répète, c'est un boulot de merde. Y a rien à tirer d'un boulot comme celui-là à part l'argent que l'on te donne à la fin de la semaine. Mais cet argent ne compense en rien pour toutes les heures que j'y passe en gaspillant ces précieuses heures de ma vie, et que cette vie justement, et puisque j'en parle, s'écoule tout autour de moi sur les cinq continents à la fois, et s'écoule, s'écoule, s'écoule...
Depuis que je suis tout petit, j'ai toujours pensé que la vie ne nous fut pas donnée pour travailler comme ça. Qu'il est affligeant de penser que notre cerveau aura passé par tout ces incroyables stades d'évolution pour finalement en arriver en bout de ligne à ne servir que de machine à ranger des boîtes de petits pois sur des tablettes, remplir de rapports de merde, visser le même écrou pendant des années... Quel gaspillage honteux!
J'ai toujours cru que la société telle que nous la concevons était la plus grande offense faite à l'humanité. Que cette structure sociale qui fait fi de la finalité de l'Homme tout en refusant de mettre en son centre, comme moteur principal à toute nos actions humaines, ce cadeau incroyable qu'est la Vie, n'était en fin de compte qu'une prison imposée par nous même à nous même. Qu'en banalisant notre passage terrestre en une simple quête de domination de l'un sur l'autre érigée en système économique, politique ou sociale, nous faisons fausse route et que nous nous dirigeons lentement mais sûrement vers une catastrophe annoncée et incontournable. En effet, nous ne pouvons pas espérer survivre en tant qu'espèce si nous nous bornons à utiliser nos cerveaux comme de simples outils servant à créer des biens de consommation pour faire rouler une économie. (Économie qui, d'ailleurs, ne profite qu'à une poignée d'individus)
Je suis nul en économie. Politiquement, j'ai des opinions qui glanent ici et là les idées que je trouve intéressantes mais qui ne me permettent pas de m'identifier à une ou l'autre des options contenues dans le grand prisme des idéologies politiques.
Je dis simplement que l'Homme, cette merveilleuse machine à penser, évolue en deçà de ses capacités quand il remet sa propre survie dans les mains d'un système sociale basée sur un concept aussi puérilement destructeur que celui du dominant-dominé.
Je dois donc évoluer dans ce système qui n'est pas le mien et que je conchie de toutes mes forces. Et dans ce système, tout m'oblige, me force, me pousse, m'urge à cesser de vivre, à cesser de rêver, à cesser de paresser pour mieux prendre ma place (mes responsabilités comme ils disent) dans cette grande chaîne de production où nos cerveaux ne servent plus qu'à placer des boîtes de petits pois sur une tablette.
La peur donc de sortir de ce carcan. Peur légitime en un sens puisque tout est fait et conçu en fonction de ce carcan. Si tu en sors, tu te retrouves seul avec ta gueule.
Mais en même temps, quelle sentiment de liberté que d'envoyer chier tout ça! Faire un immense bras d'honneur à cette société de merde en lui tournant le dos.
J'y pense.
Mais je dois m'arrêter là justement parce que je dois me rendre au boulot. On attend mon cerveau pour en faire de la sauce blanche.
Je ressens en ce moment une folle envie de prendre mon baluchon et d'aller voir de l'autre côté de l'océan si j'y suis. Si je m'écoutais, là, maintenant, je m'habillerais et prendrais la direction de l'aéroport sans regarder en arrière et je prendrais le premier avion pour le vieux continent.
Pour un voyage?
Non, pour me lancer dans une bohême sans date de retour prévue.
J'y pense beaucoup ces temps-ci en essayant de cerner ce qui m'empêche de le faire et ce qui me motive à le faire.
Je n'ai plus d'attache ici, ma fille étant sur le point de quitter cette partie du globe pour les 12 prochains mois. Je n'ai pas d'amoureuse autres que les 387 932 serveuses de café (surtout celle de la Brûlerie du Roy à Joliette. Laquelle déjà?...) et employées de chez Renaud Bray, je n'ai pas d'hypothèque de maison à payer, ma vieille Tercel toute pourrie agonise doucement sans faire de bruit, le CH ne remportera pas la coupe Stanley, j'ai l'équivalent de deux semaines pleines de lessive à faire et j'entends ma vieille voisine parler toute seule quand elle est dans son bain. J'ai aussi 45 ans, bientôt 46 et si je ne me grouille pas le cul bientôt, le vieux continent se transformera du jour au lendemain en vieil incontinent. (Oui bon, je sais, elle était facile à faire celle-là)
Ce qui m'empêche de le faire?
La peur, bien sûr.
La peur de me retrouver dans quelques années d'ici avec rien pour mes vieux jours. Déjà que je n'ai absolument rien pour mes jours d'aujourd'hui, à part quelques dettes, cinq cannes à pêche et du café pour le reste de la semaine, il est assez angoissant de se projeter dans l'avenir en se voyant devenu une charge pour la société... ou pire, pour ma fille. Je ne voudrais pas terminer mes jours abandonné dans une chambre de résidence pour personnes âgées, mal torché et mal nourri par la curatelle public. (À moins bien sûr que ladite Curatelle en question soit une grande blonde bien roulée de 25 ans ayant un penchant indéniablement vicieux pour les vieillards de mon espèce. Là ouais, peut-être, je pourrais faire quelques compromis) C'est le genre de chose qui commence à faire son chemin dans l'esprit de celui qui a passé sa vie à ne pas vouloir suivre le troupeau et qui est sur le point de se confronter aux premiers paiements sociaux de cette vie un peu marginale.
Je me suis toujours dit que si j'en arrivais là, j'opterais pour la solution d'Ernest Hemingway et que je terminerais ça par une balle dans la tête. Mais aurais-je le courage de le faire?
Une balle dans la tête, ça doit faire quand même mal un tout petit peu quand ça pénètre la boîte crânienne.
J'ai un boulot, un boulot de merde certes, mais un boulot quand même. Assuré à vie et assez bien payé compte tenu de ce qu'on me demande. Mais voilà, et je le répète, c'est un boulot de merde. Y a rien à tirer d'un boulot comme celui-là à part l'argent que l'on te donne à la fin de la semaine. Mais cet argent ne compense en rien pour toutes les heures que j'y passe en gaspillant ces précieuses heures de ma vie, et que cette vie justement, et puisque j'en parle, s'écoule tout autour de moi sur les cinq continents à la fois, et s'écoule, s'écoule, s'écoule...
Depuis que je suis tout petit, j'ai toujours pensé que la vie ne nous fut pas donnée pour travailler comme ça. Qu'il est affligeant de penser que notre cerveau aura passé par tout ces incroyables stades d'évolution pour finalement en arriver en bout de ligne à ne servir que de machine à ranger des boîtes de petits pois sur des tablettes, remplir de rapports de merde, visser le même écrou pendant des années... Quel gaspillage honteux!
J'ai toujours cru que la société telle que nous la concevons était la plus grande offense faite à l'humanité. Que cette structure sociale qui fait fi de la finalité de l'Homme tout en refusant de mettre en son centre, comme moteur principal à toute nos actions humaines, ce cadeau incroyable qu'est la Vie, n'était en fin de compte qu'une prison imposée par nous même à nous même. Qu'en banalisant notre passage terrestre en une simple quête de domination de l'un sur l'autre érigée en système économique, politique ou sociale, nous faisons fausse route et que nous nous dirigeons lentement mais sûrement vers une catastrophe annoncée et incontournable. En effet, nous ne pouvons pas espérer survivre en tant qu'espèce si nous nous bornons à utiliser nos cerveaux comme de simples outils servant à créer des biens de consommation pour faire rouler une économie. (Économie qui, d'ailleurs, ne profite qu'à une poignée d'individus)
Je suis nul en économie. Politiquement, j'ai des opinions qui glanent ici et là les idées que je trouve intéressantes mais qui ne me permettent pas de m'identifier à une ou l'autre des options contenues dans le grand prisme des idéologies politiques.
Je dis simplement que l'Homme, cette merveilleuse machine à penser, évolue en deçà de ses capacités quand il remet sa propre survie dans les mains d'un système sociale basée sur un concept aussi puérilement destructeur que celui du dominant-dominé.
Je dois donc évoluer dans ce système qui n'est pas le mien et que je conchie de toutes mes forces. Et dans ce système, tout m'oblige, me force, me pousse, m'urge à cesser de vivre, à cesser de rêver, à cesser de paresser pour mieux prendre ma place (mes responsabilités comme ils disent) dans cette grande chaîne de production où nos cerveaux ne servent plus qu'à placer des boîtes de petits pois sur une tablette.
La peur donc de sortir de ce carcan. Peur légitime en un sens puisque tout est fait et conçu en fonction de ce carcan. Si tu en sors, tu te retrouves seul avec ta gueule.
Mais en même temps, quelle sentiment de liberté que d'envoyer chier tout ça! Faire un immense bras d'honneur à cette société de merde en lui tournant le dos.
J'y pense.
Mais je dois m'arrêter là justement parce que je dois me rendre au boulot. On attend mon cerveau pour en faire de la sauce blanche.
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