mercredi 5 novembre 2008

Après mon rôtie.

J'aurais bien aimé que ma fille goûte à mon rôtie mais je crois que ça fait trois ou quatre jours qu'elle n'a pas mangé à la maison, résultat de l'arrivée inopinée de l'Australie dans sa vie. Je me suis acheté cette grosse pièce de viande hier soir.
Pas compliqué à faire. Du beurre, de la moutarde de Dijon, du romarin, du sel, du poivre tu mélanges tout ça ensemble et tu badigeonnes la viande. Pour le bouillon, c'est encore plus simple. Une boîte de bouillon de boeuf et un restant de café expresso bien fort. Assez de liquide pour y glisser aussi des patates coupées en tranches qui cuiront dans le jus. Des oignons, de l'ail et puis that's it man. Tu criss tout ça au four à 425 degré F jusqu'à que ça sente bon dans la maison et puis ensuite, tu te goinfres en ronronnant de bonheur. Avec une comédie de bas étage sur ton laptop (Dodgeball avec Ben Stiller) que tu te regardes à trois pouces de ton nez, c'est le paradis sur terre.
Pour des films plus sérieux, je recommande par contre un plat sans sauce.

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Sérieux, il y en a qui vont dire que je suis un obsédé de Renaud-Bray mais j'ai vu aujourd'hui une commis tellement belle que tu ne peux même pas t'imaginer qu'il puisse exister des bouquinistes aussi superbes. Elle était à l'étage au département de l'information. Quand je l'ai vu, le coeur m'a arrêté pendant trente secondes. Une vraie blonde qui portait les cheveux longs et qui ne faisait pas pétasse du tout. (Forcément, puisque j'étais dans une librairie. Y a pas de pétasse dans les commerces où l'on vend de la culture) Des yeux qui pétillent comme des étoiles (ça pétille des étoiles?), un gros pull de laine qui ne faisait pas pétasse du tout et qu'au contraire, il faisait plutôt soupe-à-l'oignon-gratinée-le-soir-en-regardant-un-film-des-Marx-Brothers. Même pas de maquillage! Mes préférées!
Aussitôt, je me suis dit que je devais trouver un moyen pour lui parler. J'étais dans ma section que je nomme affectueusement "les rayons de la déprime". Essais en tous genres et généralement gauchisant où les titres du type "Allons nous tous mourir de faim?", "Le livre noir de la CIA" et autres " Le capitalisme de désastre" garnissent abondamment ces tablettes déprimantes mais qui me plaisent tant. Du coup, je me suis souvenu que Jean Ziegler venait de publier un autre livre. Je me suis donc dit que c'était une merveilleuse idée d'aborder une fille en lui parlant du type qui a écrit des ouvrages tels que:


* La victoire des vaincus. Oppression et résistance culturelle.
* Il s'agit de ne pas se rendre
* Les Seigneurs du crime
* La faim dans le monde expliquée à mon fils
* Le Droit à l'alimentation
* L'Empire de la honte
* Les nouveaux maîtres du monde.


J'ai toujours rêvé de draguer une fille en lui parlant du droit à l'alimentation. Je me suis donc approché du comptoir et j'ai attendu qu'elle me remarque, ce qui a prit un temps quand même considérable. Quand elle me parla enfin, j'ai eu un peu de misère à sortir mes mots parce que j'avais soudainement la gorge sèche.
- Jean Ziegler vient de publier un dernier essai et je ne le trouve pas sur vos tablettes.
- Avez vous le titre du livre?
- Non justement, j'ai oublié.
- Attendez, je vais vérifier.
Elle se mit à pitonner sur son ordi et du même coup, j'ai pu l'observer bien comme il faut de manière à voir si elle était aussi belle de près que de loin. Parfois, ces détails sont trompeurs. Mais dans son cas, je peux certifier qu'elle était encore plus belle à quelques pouces de moi qu'à quelques pieds. Tout au plus avait-elle quelque pousses de duvet blond sous le nez qui me certifiaient davantage qu'elle était une blonde officiel et reconnue comme telle par le directeur général des élections du Québec, monsieur Marcel Blanchet. Curieusement, elle devait avoir cinq ans de plus de près que de loin. Autrement dit, plus je m'approchais d'elle, plus elle vieillissait. Ce qui prouve bien que Einstein avait raison. Le temps devient tout à fait relatif quand on se rapproche de la lumière.
- Voilà, j'ai trouvé. La Haine de l'Occident, c'est bien ça?
Ce titre hautement altermondiste échappé d'une bouche aussi belle, c'était un véritable spectacle sons et lumières.
- Oui, c'est ça.
- Il n'est pas encore arrivé mais si vous voulez, je peux vous le mettre de côté.
Pour ce faire, elle devait prendre mon nom et mon numéro de téléphone en note, ce que j'accepta sans me faire prier. "Ça n'engage en rien" qu'elle crut bon de rajouter. Moi, je m'imaginais la suite: Elle se servait de ce subtile subterfuge pour glaner quelques informations confidentielles sur ma personne pour pouvoir ensuite communiquer avec moi et m'avouer son fiévreux désir que je lui fasse tout nu la lecture de "Oppression et résistance culturelle" Depuis, j'attends son appel mais le seul message que j'ai reçu c'est celui de ce nouveau président américain. Comme quoi cette vie est parfois une jungle.

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