Hier soir je suis arrivé du boulot juste après les feux d'artifices et les rues du quartier étaient envahies de voitures qui revenaient de l'événement. Pour l'occasion, les putes du quartier semblaient s'être toutes regroupées au même endroit, occupant un espace restreint qui ne faisait pas plus de deux coins de rues. La position y est en effet stratégique vu que le flot de voitures constitue une manne intéressante. De plus, le trafic allant pour ainsi dire que dans un seul sens, c'est à dire partant de l'ouest pour se diriger vers l'est, la péripatéticienne de métier n'a qu'à se positionner de manière à intercepter le poisson remontant la courant sans même se préoccuper de celui, très peu nombreux, qui le descend. Ce qui m'a fait penser que les putes de rue possèdent finalement le même sens d'anticipation qu'un bon pêcheur de saumons. Ces derniers ne s'y prenant pas autrement pour attraper leurs prises. Et à voir le nombre de putes qu'il y avait là, des saumons humains, il y en avait à qui voulait bien se donner la peine de les pêcher. Les putes régulières jouaient du coude pour éloigner celles qui venaient d'ailleurs et une fois de plus, elles n'agissaient pas autrement que comme des pêcheurs de rivières. (1) Ça bouillonnait, klaxonnait, houspillait et mon quartier prenait des allures de cour des miracles contemporaine.
Les gens du quartier commencent à en avoir un peu marre de ce marché de misère en plein air. Un soir de cette semaine par exemple, l'une d'elle s'est même faite vertement enguirlander par des résidents excédés. Les flics sont même intervenus. Mais la ville ne fait rien parce que cette tristesse se passe dans l'est, dans un des quartiers les plus pauvres du pays. Sans l'ombre d'un seul doute, si l'une d'elle décidait demain matin (ou plutôt demain soir) d'aller vendre ses charmes fatiguées dans les belles rues d'Outremont ou de Westmount, la pauvrette n'aurait même pas le temps de dénuder une cuisse qu'elle serait automatiquement prise par le collet et embarquée aussitôt dans un panier à salade. Même chose pour les squeegees, même chose pour les piqueries, même chose pour les mendiants. La ville se donne des allures de bon papa compatissant en tolérant un minimum de ces activités plus ou moins illicites parce que justement, celles-ci se déroulent dans Hochelaga-Maisonneuve. Allons laver les pare-brises de ces citoyens riches de Outremont que cette fausse compassion se transformerait aussitôt en une répression sévère et sans appel. - Et viens par ici espèce de crotté que je te fasses goûter le bois de ma matraque!
Par contre, menace-t-on de gruger une partie du Mont-Orford pour en faire un centre de ski privé que toute la classe d'artistes et de gogauches bien pensantes se mobilisent et fait reculer le gouvernement en moins de temps qu'il n'en faut pour subventionner un centre de désintoxication d'Hochelaga-Maisonneuve. Pourquoi? ben c'est pas compliqué! Parce qu'ils y possèdent tous une résidence secondaire ducon! La gauche caviar baby boomer qui redevient activiste comme dans les années '60 mais avec cette différence près que ce n'est pas exactement pour changer le monde, mais bien pour préserver le leur. Ça devient aussitôt un dossier chaud, une priorité absolue qui évacue de l'actualité toutes les autres. Vaut mieux sauver les marmottes du parc du Mont-Orford que les putes d'Hochelaga-Maisonneuve. C'est comme ça que ça marche.
(1) En effet, y a rien de plus chiant que de trouver une belle fosse à truites et d'y pêcher tranquilou avec mon petit frère (comme ça nous est arrivé ce printemps par exemple) pour essayer d'y sortir une belle truite brune et de voir alors débarquer un gros tas de merde que c'est même pas notre ami avec sa canne à pêche de merde que c'est même pas une canne à pêche de vrai pêcheur et venir farfouiller dans notre fosse à nous qui se trouve dans notre rivière à nous qu'on a trouvé nous-même parce que nous sommes des frères depuis notre naissance et que lui ce n'est même pas notre frère et qu'il n'a pas de raisons de venir nous déranger entre frères parce que nous avons un chalet qui est à nous sur le bord de la rivière à nous à un peu moins de 1 km en amont. L'enculé!
Les gens du quartier commencent à en avoir un peu marre de ce marché de misère en plein air. Un soir de cette semaine par exemple, l'une d'elle s'est même faite vertement enguirlander par des résidents excédés. Les flics sont même intervenus. Mais la ville ne fait rien parce que cette tristesse se passe dans l'est, dans un des quartiers les plus pauvres du pays. Sans l'ombre d'un seul doute, si l'une d'elle décidait demain matin (ou plutôt demain soir) d'aller vendre ses charmes fatiguées dans les belles rues d'Outremont ou de Westmount, la pauvrette n'aurait même pas le temps de dénuder une cuisse qu'elle serait automatiquement prise par le collet et embarquée aussitôt dans un panier à salade. Même chose pour les squeegees, même chose pour les piqueries, même chose pour les mendiants. La ville se donne des allures de bon papa compatissant en tolérant un minimum de ces activités plus ou moins illicites parce que justement, celles-ci se déroulent dans Hochelaga-Maisonneuve. Allons laver les pare-brises de ces citoyens riches de Outremont que cette fausse compassion se transformerait aussitôt en une répression sévère et sans appel. - Et viens par ici espèce de crotté que je te fasses goûter le bois de ma matraque!
Par contre, menace-t-on de gruger une partie du Mont-Orford pour en faire un centre de ski privé que toute la classe d'artistes et de gogauches bien pensantes se mobilisent et fait reculer le gouvernement en moins de temps qu'il n'en faut pour subventionner un centre de désintoxication d'Hochelaga-Maisonneuve. Pourquoi? ben c'est pas compliqué! Parce qu'ils y possèdent tous une résidence secondaire ducon! La gauche caviar baby boomer qui redevient activiste comme dans les années '60 mais avec cette différence près que ce n'est pas exactement pour changer le monde, mais bien pour préserver le leur. Ça devient aussitôt un dossier chaud, une priorité absolue qui évacue de l'actualité toutes les autres. Vaut mieux sauver les marmottes du parc du Mont-Orford que les putes d'Hochelaga-Maisonneuve. C'est comme ça que ça marche.
(1) En effet, y a rien de plus chiant que de trouver une belle fosse à truites et d'y pêcher tranquilou avec mon petit frère (comme ça nous est arrivé ce printemps par exemple) pour essayer d'y sortir une belle truite brune et de voir alors débarquer un gros tas de merde que c'est même pas notre ami avec sa canne à pêche de merde que c'est même pas une canne à pêche de vrai pêcheur et venir farfouiller dans notre fosse à nous qui se trouve dans notre rivière à nous qu'on a trouvé nous-même parce que nous sommes des frères depuis notre naissance et que lui ce n'est même pas notre frère et qu'il n'a pas de raisons de venir nous déranger entre frères parce que nous avons un chalet qui est à nous sur le bord de la rivière à nous à un peu moins de 1 km en amont. L'enculé!
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