La voisine n'a toujours pas donné signe de vie. Les circulaires s'empilent devant sa porte mais jusqu'à maintenant, aucune odeur suspecte n'est venue se rajouter au doute. Le seul parfum vraiment inquiétant pour l'instant est celui de mon linge sale qui s'accumule dramatiquement sous mon lit. D'ailleurs, le logement au complet prend par moments des odeurs un peu étranges. Faut dire que ni moi ni ma fille ne sommes portés par le ménage et cela donne à la piaule des allures de catastrophes. Chaque fois que je rentre, j'ai en effet toujours l'impression que l'on vient de se faire voler. Ou alors que la CIA vient de faire toutes les pièces pour retrouver ces putains de plans secrets qu'elle ou moi avons planqués quelque part. C'est qu'il nous manque des étagères pour le rangement et nous avons du stock qui traîne un peu partout. Pour l'instant, ça va parce que c'est l'été et que nous ne sommes ici que pour dormir mais il faudra bien régler tout ça avant les premières neiges.
Pour ce qui est de la voisine, je crois qu'elle est à son chalet. Ou enfin, qu'elle n'est pas là. Sinon merde, ça sentirait fort le fromage pourri.
Je termine à 14hre et après ça, hop! Direction chalet. Faut dire ce qui est, je crois que je ne suis plus capable de rester à Montréal. Pour l'instant du moins. C'est une passe, une période, une étape. Ça m'arrive parfois. Mais là, je crois que c'est en ce moment un peu plus insistant que par les autres années. Ça vient du fait que mon cercle social est considérablement réduit et que Montréal, comme toute grande ville d'ailleurs, se consomme mieux à deux ou encore avec des amis que seul. Ou alors est-ce tout simplement moi qui est devenu comme ça? Je ne sais pas. La seule chose que je sais c'est que dès que je peux, je lève le camp et je me casse dans la verdure de Lanaudière. J'ai un irrésistible besoin de silence et de solitude. Me sentir loin du brouhaha de la ville et de ses humains.
J'en suis arrivé à une curieuse étape où chaque rapport avec l'autre, quand il n'est pas voulu ou commandé par ma personne, m'apparaît comme une intrusion désagréable contre ma quiétude. Je me sens agressé moralement dès qu'un imprévu m'oblige à me confronter avec l'autre. Par exemple, si j'attends la voisine parler de l'autre côté du mur de la salle de bain, ça m'agresse. J'ai le sentiment qu'on bouscule mon intimité. Même chose pour l'entrée d'eau froide pour la laveuse. Je sais que ça prendrait deux minutes à un plombier pour arranger ça. Mais avant, il faudrait que je parle à ma proprio, que j'explique le problème, que je la fasse entrer dans la maison et que je lui montre la chose et du coup, c'est au-dessus de mes forces. Je préfère aller faire ma lessive à la buanderie du coin.
Au boulot, c'est encore pire parce que je dois supporter des directives infantilisantes qui, et disons-le, m'agressent royalement. Par exemple le matin, je ne suis pas capable de travailler sans un café bien chaud. C'est comme ça depuis la nuit des temps et ça me prend ma dose de caféine pour débuter la journée. Rendu à 45 ans, je crois que c'est devenu un droit légitime et que personne au monde pourrait m'obliger à changer mes habitudes. Mais voilà que depuis quelques temps, les directeurs nous interdisent le café. Il n'y a rien à dire et je suis obligé de me soumettre à ces directives à la con parce que dans le Code du Travail, une décision de la sorte est considérée comme un droit de gérance. Je comprends que ça évite les incidents fâcheux où une fois par deux mois, un gobelet de café peut se renverser sur le plancher. Mais ciboire, j'arrive à un âge où me faire dire que je ne suis pas assez responsable pour travailler avec une tasse à café, ça m'agresse et ça m'insulte. Je sais, ce n'est pas grand chose mais moi, en ce moment, ça me tue. Je ne peux m'empêcher d'y voir une forme d'abus de pouvoir, une manière maladroite de d'assouvir une autorité par des gens qui, justement, sont payés pour représenter une forme d'autorité dont ils ne savent pas toujours comment s'acquitter avec discernement et intelligence.
Bon, je sais, cela relève sans doute de la psychiatrie. J'en suis parfaitement conscient mais bon, c'est comme ça et pour l'instant, le seul moyen qui me permet de ne pas trop me prendre la tête est de fuir la ville et les gens qui l'habitent.
C'est grave docteur?
Pour ce qui est de la voisine, je crois qu'elle est à son chalet. Ou enfin, qu'elle n'est pas là. Sinon merde, ça sentirait fort le fromage pourri.
Je termine à 14hre et après ça, hop! Direction chalet. Faut dire ce qui est, je crois que je ne suis plus capable de rester à Montréal. Pour l'instant du moins. C'est une passe, une période, une étape. Ça m'arrive parfois. Mais là, je crois que c'est en ce moment un peu plus insistant que par les autres années. Ça vient du fait que mon cercle social est considérablement réduit et que Montréal, comme toute grande ville d'ailleurs, se consomme mieux à deux ou encore avec des amis que seul. Ou alors est-ce tout simplement moi qui est devenu comme ça? Je ne sais pas. La seule chose que je sais c'est que dès que je peux, je lève le camp et je me casse dans la verdure de Lanaudière. J'ai un irrésistible besoin de silence et de solitude. Me sentir loin du brouhaha de la ville et de ses humains.
J'en suis arrivé à une curieuse étape où chaque rapport avec l'autre, quand il n'est pas voulu ou commandé par ma personne, m'apparaît comme une intrusion désagréable contre ma quiétude. Je me sens agressé moralement dès qu'un imprévu m'oblige à me confronter avec l'autre. Par exemple, si j'attends la voisine parler de l'autre côté du mur de la salle de bain, ça m'agresse. J'ai le sentiment qu'on bouscule mon intimité. Même chose pour l'entrée d'eau froide pour la laveuse. Je sais que ça prendrait deux minutes à un plombier pour arranger ça. Mais avant, il faudrait que je parle à ma proprio, que j'explique le problème, que je la fasse entrer dans la maison et que je lui montre la chose et du coup, c'est au-dessus de mes forces. Je préfère aller faire ma lessive à la buanderie du coin.
Au boulot, c'est encore pire parce que je dois supporter des directives infantilisantes qui, et disons-le, m'agressent royalement. Par exemple le matin, je ne suis pas capable de travailler sans un café bien chaud. C'est comme ça depuis la nuit des temps et ça me prend ma dose de caféine pour débuter la journée. Rendu à 45 ans, je crois que c'est devenu un droit légitime et que personne au monde pourrait m'obliger à changer mes habitudes. Mais voilà que depuis quelques temps, les directeurs nous interdisent le café. Il n'y a rien à dire et je suis obligé de me soumettre à ces directives à la con parce que dans le Code du Travail, une décision de la sorte est considérée comme un droit de gérance. Je comprends que ça évite les incidents fâcheux où une fois par deux mois, un gobelet de café peut se renverser sur le plancher. Mais ciboire, j'arrive à un âge où me faire dire que je ne suis pas assez responsable pour travailler avec une tasse à café, ça m'agresse et ça m'insulte. Je sais, ce n'est pas grand chose mais moi, en ce moment, ça me tue. Je ne peux m'empêcher d'y voir une forme d'abus de pouvoir, une manière maladroite de d'assouvir une autorité par des gens qui, justement, sont payés pour représenter une forme d'autorité dont ils ne savent pas toujours comment s'acquitter avec discernement et intelligence.
Bon, je sais, cela relève sans doute de la psychiatrie. J'en suis parfaitement conscient mais bon, c'est comme ça et pour l'instant, le seul moyen qui me permet de ne pas trop me prendre la tête est de fuir la ville et les gens qui l'habitent.
C'est grave docteur?
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