jeudi 5 juin 2008

Encore et juste avant d'aller me coucher.

J'adore lire des trucs écrits par des penseurs professionnels, des auteurs bardés d'instruction et de culture, et voir ensuite qu'ils pensent (à gauche) les mêmes choses que moi mais en sachant les dire avec des mots qui tuent. Ça me rassure sur le fait que je ne suis pas si con finalement, pas si seul non plus à me gâcher le café du matin quand je me tape ces horreurs dans les journaux. Ça donne une légitimité à cette impression de ne pas appartenir totalement à cette société de merde qui fabrique annuellement - par la famine planétaire - 10 millions de petits cadavres âgés de moins de 5 ans. 10 millions par année, ça fait un peu plus de 27 000 par jour. 27 000 par jour, ça fait à peu près 12 World Trade Center par tranche de 24 heures, 365 fois par année. Et que des enfants de moins de 5 ans.
Nous vivons dans ce monde là.
Vous et moi.
Nous vivons dans un monde où le pire problème qui puisse nous tomber sur la tronche est de voir l'essence à $1.45 le litre. Ou que l'été se fait attendre. Ou qu'il y a trop de moustiques en ce moment dans les Laurentides. Et l'on gueule.
Un jour, au printemps et alors que la température nous donnait encore de la neige, j'ai entendu une cliente dire : "Mais qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu pour mériter ça!" Je suis venu à deux doigt de lui éclater la tête à grand coups de bouteille de J.P.Chenet Cabernet-Merlot de merde qu'elle venait s'acheter sans trop savoir pourquoi. (Mais sans doute parce que le long goulot ressemble vaguement à un phalllus et que ce vin n'est acheté que par des madames qui manquent sérieusement de pénis dans leur vie. C'est dingue! Sérieux, j'ai jamais vu un mec acheter cette merde! Y a que les femmes! Et encore, pas n'importe lesquelles. 45 ans et plus, moches, un peu boulottes, cheveux oranges parce que ça fait "flyé" mais que ça excite pas d'avantage leurs mecs. Qui sortent une fois par année du 450 pour monter à Montréal voir une comédie musicale au St-Denis - Don Juan ou Dracula -, ou alors Martin Matte. Qui portent le sac à main assorti avec les souliers, qui trouvent toutes Véronique Cloutier tellement courageuse et qui font toutes pipi dans leur slip (brun et qui monte par-dessus le nombril) quand elles rigolent devant les gags tellement songés de Martin Matte. Faut les voir prendre cette bouteille fermement par le goulot! C'est facile de deviner à la manière qu'elles manipulent la chose et au sourire satisfait qui dessine leur visage qu'elles retrouvent quelque chose qui leur manquait depuis des siècles. Fin de la parenthèse. Je commence à dire des insanités. Mais juste au cas où l'on voudrait me traiter de misogyne, je signale que le pourrais dire la même chose des mecs moches, grassouillet, chauves, qui puent la merde et qui viennent s'acheter du gros Gin en cachette de leur femme.)

Ziegler parle carrément de combat. "De la connaissance naît le combat, du combat la liberté et les conditions matérielles de la recherche du bonheur. La destruction de l'ordre cannibale du monde est l'affaire des peuples." Putain de merde, de putain de merde de putain de merde, mais quelle belle phrase! Mais quelle belle phrase! La destruction de l'ordre cannibale du monde est l'affaire des peuples! Ce type là, il trempe sa plume dans du concentré de cyanure! Et le mec n'a pas 20 ou 30 ans, il a 74 ans!!
Vieux fou! Je veux être comme toi à ton âge! Avoir cette même rage dans les veines et vouloir encore péter des gueules de sales rapaces!

Plus loin, il glisse un passage d'un discours de Babeuf en juillet 1791: " Perfides, vous criez qu'il faut éviter la guerre civile, qu'il ne faut point jeter parmi le peuple les brandons de la discorde. Et quelle guerre civile est plus révoltante que celle qui fait voir tous les assassins d'une part et toutes les victimes d'une autre! Que le combat s'engage sur le fameux chapitre de l'égalité et de la propriété! Que le peuple renverse toutes les anciennes institutions barbares! Que la guerre du riche contre le pauvre cesse d'avoir ce caractère de toute audace d'un côté et de toute la lâcheté de l'autre. Oui, je le répète, tous les maux sont à leur comble, ils ne peuvent plus empirer. Ils ne peuvent se réparer que par un bouleversement total." Puis en conclusion, Ziegler ajoute jouissivement pour les lecteurs comme moi: " Je veux contribuer à armer les consciences en vue de ce bouleversement".
Ouaaaah!!! Un utopiste contemporain! J'aime! J'aime! J'aime!

Bon, je vais me coucher. J'ai encore trois jours à faire avant mes vacances.

4 commentaires:

Francine a dit…

Pourquoi tu ne lui suggères pas un meilleur vin à ta madame boulottes de 45 ans et plus aux cheveux oranges du 450 ?

Varice et Versa a dit…

Ce n'était qu'une image ma chère. Peut-être pas drôle, c'est vrai mais faut pas t'en faire avec ça. Je te signale encore qu'il ne faut pas croire tout ce qui est écrit ici et qu'une large part de ces textes ne sont que des fabulations. Par exemple, ce n'est pas vrai du tout que j'ai adopté un fromage qui pue comme je l'écrivais pourtant quelque part dans un texte. Ni non plus que j'ai un ami extra-terrestre qui habite dans château d'eau en face de chez moi. De même qu'il n'y a pas de madames de plus de 45 ans, moches, un peu boulottes, cheveux oranges parce que ça fait "flyé", qui sortent une fois par année du 450 pour monter à Montréal voir une comédie musicale au St-Denis, qui portent le sac à main assorti avec les souliers, qui trouvent toutes Véronique Cloutier tellement courageuse. Ça n'existe pas! J'ai inventé tout ça.

Francine a dit…

Tu n'as pas vraiment compris le sens de cette répartie.

Si l'on veut faire évoluer la conscience sociale ou la conscience tout court, ce sont par de petits gestes complètement inutiles à nos yeux, de tenter d'observer une perspective différente sans nos concepts, nos jugements, libre de condescendance.

Pis niaises-moé pas, Varice, lorsque tu dis que ça n'existe pas, c't'à moé qu'tu parles...

Oui ça existe des femmes comme ça. Et sais-tu quoi?
J'en côtoies par mon travail. Je les vois dans la salle d'attente j'me dis Oh my God, what the sweet fuck all I'm doing here?
Mais lorsque je la traite, mes armes baissent et j'ai accès à toutes sortes d'informations, tantôt ordinaires et tantôt d'une tristesse et d'un dramatique à l'infinie.

À la fin du massage, je me demande toujours si elle a ressenti le "travail ". Et dans la plupart des cas, oui elle a senti ce "quelque chose" de complètement nouveau; pour la première de sa vie, elle est en contact avec son essence, avec la trajectoire du sang dans ses veines. Et son regard est différent.
Elle est toujours grosse boulotte de 45 ans avec ses cheveux oranges du 450 mais elle a pris CONSCIENCE d'elle-même. Déjà c'est un pas, Varice, petit mais quand même un pas.

C'était dans ce sens-là ma remarque; la révolution à petite échelle. Et comme je te connais, avec un peu d'intensité et de ténacité ( criss que t'es tenace), et bien, tu serais le Roi de la Révolution.

Et j'ai parlé!

Varice et Versa a dit…

Tu gagnes. Mais juste parce que j'ai pas le goût de répliquer. Et puis aussi pour avoir le droit de goûter encore à ta magnifique pizza au saumon fumé arrosée de 12 bouteilles de vin, comme la dernière fois. Putain le mal de bloc le lendemain!!