vendredi 7 mars 2008

Kovalev et la relativité de la beauté féminine.

J'ai changé un peu l'aménagement de mon logement aujourd'hui, en prévision de l'arrivée de ma douce et géniale fille qui viendra habiter avec moi en mai. J'ai hâte!! Je lui laisse la plus grande chambre parce que je l'aime et j'ai décidé de faire du salon la mienne. Entre celle-ci et la sienne, il y a une chambre qui sera le salon. Vous me suivez?
Ma fille, c'est ma meilleure amie. C'est en même temps mon idole et quand je serai grand, je voudrais être comme elle. Pleine de vie et pleine de confiance. Belle et talentueuse, qui aime le cinéma et son papa. Même si je ne sais pas trop dans quel ordre mais c'est pas grave, aimant moi-même plus le cinéma que je peux m'aimer.
Je suis dans ce logement depuis novembre dernier et j'ai toujours pas terminé la peinture, ni fixé la douche, ni défait mes boîtes, ni acheté de matelas. Je dors sur un matelas de camping qui a la manie de se dégonfler pendant la nuit. Il m'arrive bien souvent de devoir le regonfler avant de me coucher et comme la pompe est intégrée au matelas, elle fonctionne avec le pied que je dois activer. Ça fait Psssh! Psssh! Psssh! Du coup, quand il est minuit, le bruit assourdissant que ça fait ressemble à celui d'un copulage frénétique dans un matelas mou et j'ai toujours l'impression que tous les résidents du bloc entendent mon gonflement impétueux en croyant que je suis entrain de me taper la baise du siècle avec un poupée gonflable de marque Coleman. C'est pas exactement comme ça qu'on voudrait créer des rapprochements avec nos voisins. La madame d'à côté, celle qui se parle toute seule quand je suis dans mon bain, me regarde parfois avec une drôle de mimique quand je la croise dans les escaliers. Je vois bien dans sa pupille qu'elle voudrait déposer mon CV au bureau des excommunions à l'église de la paroisse. Je pourrais m'expliquer mais je me vois mal intégrer comme ça, mine de rien, le sujet dans une conversation de portique.
- Tiens, c'est vous? Bonjour! Ça va bien?
- Oui, mais il neige encore. Quel hiver!
- En effet. Au fait, vous saviez que je ne baise pas de poupée gonflable et que le bruit que vous entendez la nuit est celui de mon matelas de camping que je gonfle et regonfle?
Na! Ça ne se passe pas comme ça. La vie est une jungle,vraiment.
Après le boulot, je me suis dirigé à la Cage aux Porcs pour regarder le match qui débutait à 21hre. J'aime pas cet endroit mais comme je n'ai pas de télé, je n'avais pas vraiment le choix.
- T'as pas de télé????
- Nope! Pourquoi? C'est interdit?
- Mais voyons, comment tu fais pour rester informer?
- Journaux, web, radio, magazine.
D'habitude, je vais regarder les parties au Mousse-Café sur Beaudry. Le Mousse-Café est en fait une buanderie-café qui présente les parties des Canadiens sur écran géant. C'est génial. Pendant que les gens vont et viennent avec leur poche de linge sale, moi je regarde Kovalev patiner comme un dieu en buvant de la Boréale Blonde avec mon pote M... qui est Marocain de naissance mais Québécois depuis 5 ans. Il est tellement Québécois le mec qu'il lui arrive de me planter sur le hockey.
- Oh! C'est Crosby ce soir! T'es fou toi de manquer ça! T'es mâââlââde ou quoi! J'te jure putain que ça sera un match d'enfer! Oh! Kess tu fait putain! Tu te ramènes et on regarde le match en s'bouffant un tagine! Oh!
Même qu'à Noël chez lui, j'ai entendu de la musique de Noël western chantée par Marcel Martel. Le genre de truc à aller raconter à la commission Bouchard-Taylor.
- Messieurs Bouchard et Taylor, j'aimerais vous dire ici qu'à mon dernier Noël, et comme nous étions seuls ma fille et moi, on a été invités à fêter la naissance du petit Jésus chez un Québéco-Marocain musulman et qu'on a bu de la bière, du vin et du champagne en écoutant Marcel Martel chanter Noël Western. Écrivez-ça dans votre rapport et allez en faire un suppositoire bien épais et bien rugueux pour la bande d'enculés à Mario Dumont s'il vous plaît. Merci.
Mousse-Café je disais. J'aime bien cet endroit. Une serveuse entre autre qui ne sait pas du tout qu'elle est jolie. J'aime les femmes qui ignorent qu'elles sont belles. Ce sont les plus belles. Je déteste les pétasses qui savent trop qu'elle sont belles. D'abord, elles ne sont même pas belles! Eh! J'aime le charme discret d'un sourire sincère et d'un regard pénétrant. Je déteste le maquillage rutilant et les nombrils par trop exhibées. J'aime la beauté féminine quand elle s'ignore et, ce faisant, se fout des standards imposées par la mode. La mode féminine, c'est le dogme de l'esthétisme imposée comme un régime soviétique. Suffit qu'un couturier se lève un matin en décidant que cette année, le string se porte sur la tête que demain matin, 300 millions de femmes se mettent à porter leur string sur la tête. Je déteste! La mode, c'est le nivellement de la beauté par le bas... de nylon.
Anyway, ce que je voulais dire c'est qu'il existe une serveuse au Mousse-Café qui est belle et qui ne le sait pas. Chose très intéressante à contempler pour un amateur d'oeuvre d'art. J'aime la regarder être belle pendant qu'elle me sert mon espresso. Elle est très gentille, comme toutes celles qui sont belles sans le savoir parce qu'elle ne pense pas à pavaner. Je suis un expert pour déceler la beauté cachée des femmes. Je suis une sorte de Jacques Cousteau de la beauté féminine. Je plonge au plus profond des océans pour aller dénicher la beauté insoupçonnée que j'admire juste pour moi. Au reste, cette serveuse ne saura jamais que je la trouve belle parce que je ne lui dirai jamais. Elle est trop jeune pour moi, doit avoir quelque chose comme dans la fin vingtaine et je crois même qu'elle a un copain. Ou enfin, un genre de mec qui vient parfois la chercher quand elle termine son quart de travail. Je suis content pour elle qu'elle ait pu trouver un mec comme moi mais de sa génération et qui sait apprécier les sourires sincères et les yeux pétillants respirant dans un ensemble esthétique ne cadrant pas avec les standards imposés. Je vais donc là et en silence, comme si j'assistais à une symphonie jouée par un grand ensemble harmonique, je la contemple. Et si le Canadiens gagne le match, ma soirée est parfaitement réussie. Je lui laisse toujours de bons pourboires même quand son service était à chier. C'est ma manière à moi de payer mon tribu à Dieu - qui n'existe pas - pour le remercier d'avoir déposer sur ma route une belle femme que je peux admirer secrètement avant de crever. C'est l'âge qui fait ça. Arrive un temps en effet où chez l'homme, les yeux se mettent à remplir amplement le rôle que tenait la bite. On arrive en effet un jour à substituer l'action de consommer par celle plus cérébrale de contempler.

Et puis je vais me coucher. Il est tard.

Aucun commentaire: