Redoux de janvier.
Dehors, en revenant du boulot, ça sentait bon les soirs de mars quand le
printemps commence à prendre le dessus sur l’hiver. Il n’y a aucun autre parfum
que j’aime plus que celui-là. (Quoi que je me souviens de celui de cette fille
qui… oui bon, passons) Ça me ramène toujours de fortes réminiscences d’un passé
plus vraiment proche. Le printemps quand t’es ado, l’odeur du dégèle, les
premières soirées un peu plus chaudes, qu’est-ce que c’était chouette. Y a des
tas de noms de filles qui te reviennent.
Celle-là surtout. Murielle
son nom (fictif, bien sûr. Des fois que…) J’avais 15 ou 16 ans, elle en avait
14 ou 15. Elle avait un an de moins que moi, mais était déjà parfaitement femme
avec toutes les courbes et dénivellations placées aux bons endroits. Elle
allumait tous les mecs du quartier. Et même ceux des autres quartiers. Et même
ceux des autres villes. Devant chez elle, il y avait toujours des tas de
voitures sport garées comme chez un concessionnaire. Ça appartenait à sa cour,
son troupeau de prétendants qui se battaient pour être assis près d’elle, sur
les marches de son balcon où ils venaient lui porter leurs hommages de mec en
rut. Et ils étaient nombreux. Tous à peu près gosses de riches, tous avec des
voitures plus grosses les unes que les autres, tous entre 16 et 18 ans. Quand
je passais par là avec mon 10 vitesses CCM TARGA rouge plus lourd qu’un cheval
mort, quand je voyais tous ces mecs plus vieux que moi assis sur ses marches
par ordre d’importance (elle se tenait tout en haut et n’acceptait qu’un seul
dude à sa droite. Généralement c’était Denis Ballus – nom fictif – fils de
Ballus Transport. Tous les autres s’assoyaient sur les marches plus basses, et
généralement par ordre d’importance décroissante. Ceux qui restaient debout
étaient les nouveaux prétendants. Ceux qui devaient se faire accepter par la
belle. Pour y arriver, ils devaient se montrer rigolos. Du moins, c’est ce que
j’ai cru déceler dans leurs us et coutumes. Enfin, bref, c’était comme ça que
ça fonctionnait du temps où il n’y avait ni d’Internet, ni téléphone dit
intelligent et même pas de cartes de débit.) … bref, quand je passais par-là, je
savais que je n’avais aucune chance. Tu ne peux pas te battre contre une
Trans-Am quand t’as un CCM TARGA rouge qui pèse plus lourd qu’un cheval mort. Et
en plus, ils étaient tous plus vieux que moi.
Mais vous savez
quoi ? J’ai tout de même été le premier à gagner son petit cœur de vraie
femme avec pleins de courbes aux bons endroits et à aller au cinéma avec elle. Je
crois que j’ai déjà raconté ça ici… Je me souviens du film… c’était avec
Charles Bronson. Le solitaire de Fort Umboldt. Après une rapide recherche sur
Wikimachin, je peux donc dire que c’était en 1976. (film tourné en 1975, mais
présenté en 1976) Fuck ! J’avais 13 ans ! Et elle, forcément, elle en
avait 12. Du coup, non, je ne suis pas sortie avec elle quand j’avais 16 ans.
Impossible ! Ça veut donc dire que je confonds, que les mecs sur son
balcon, c’était après, bien après. Que les courbes bien placées aussi c’était
après. Shit ! C’est fou comment tout se mélange avec les années.
Heureusement qu’Internet est là pour nous ramener les vraies dates. Anyway,
elle avait déjà à cet âge des prétendants parce que je me souviens qu’au
cinéma, sa cour de jeunes mecs nous avait suivis et s’était assise dans la rangée
derrière nous. Oui bon, j’arrête là parce que la suite n’est pas drôle. J’avais
tout foiré. J’avais voulu l’embrasser, elle ne voulait pas. Ce genre de chose.
Un drame sans nom. J’avais tout raté le film pour cause de dérapage
sentimental. Un criss de bon film en plus. Ça se passait dans un train. C’est
tout ce dont je me souviens. De ça et aussi que c’était le printemps que ça
sentait comme ce soir.
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