vendredi 12 avril 2013

L'Arnaque (The Sting)




The Sting, de George Roy Hill. 1973 avec Paul Newman, Robert Redford et Robert Shaw. 
J’avais dix ans quand je l’ai vu. J’avais encore 10 ans quand je l’ai vu une deuxième fois et j’avais encore 10 ans quand je l’ai vu pour la troisième fois. Trois fois dans la même semaine au cinéma du coin. 
Depuis, j’ai dû revoir ce film une bonne vingtaine de fois. En fait, ç’a été mon premier coup de foudre non pas pour un film, mais pour un scénario. Un pur ravissement pour mon petit cerveau qui s’ouvrait au langage complexe du cinéma. 
Et puis merde, Paul Newman et Robert Redford dans le même film, tu ne pouvais pas demander mieux à l’époque. Ne manquaient que Steve McQueen et Jean-Paul Belmondo.  Mais plus tard, en revoyant le film à l’âge adulte, j’ai compris qu’une part importante de la mécanique du film reposait sur le troisième personnage, celui qu’on appelle dans le jargon «l’acteur de soutien» joué ici par l’incomparable Robert Shaw. Redford est très bon, Newman est comme toujours exceptionnel, mais le personnage infiniment plus complexe jouer par Shaw devient l’élément central du film. Redford et Newman ont beau être parfaits dans leur rôle respectif, mais leurs personnages demandent un jeu flamboyant, expansif, pétaradant. A contrario, le personnage de Shaw demande de la retenue sans pour autant tomber dans l’impassibilité. C’est un introverti qui se fait manipuler du début à la fin. On le sent toujours sur le point d’exploser, mais il se contient tout le temps, ou alors ce sont les éléments extérieurs qui l’y obligent. Il doit jouer la menace de tempête permanente, mais sans le tonnerre ni les éclaires. Le film aurait pu être un désastre si Shaw n’avait pas été à la hauteur. C’est le seul élément que je n’avais pas compris à 10 ans, trop obnubilé que j’étais par les premiers rôles. On peut en voir un bel exemple de ce que je veux dire ici dans cette scène mémorable. C’est au début du film, quand la bande à Newman met son dispositif d’arnaque en marche. Remarquez le jeu tout en nuances de Shaw qui va se faire fourrer par Paul Newman sur une table de poker. Un petit bijou. 


La scène finale m’avait jeté à terre. Mais je ne vous la raconte pas. 

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