Cette odeur âcre en entrant dans le chalet. Je la connais bien maintenant. C’est celle d’une souris qui se décompose. J’en suis certain.
Ça fait plus de trois semaines que je n’ai pas mis les pieds ici, elle a eu tout le temps de se faire prendre dans mes pièges de Sioux et de laisser son parfum organique se répandre dans toutes les pièces de mon chalet. C’est tout petit ces bestioles, mais ça dégage grave quand ça s’y met.
Je dépose mes sacs et je vérifie aussitôt mes trappes. Surprise! elles sont vides. L’une fut déclenchée, mais sans avoir capturé la bête. L’autre est toujours amorcée, mais le beurre d’arachides a été complètement bouffé.
Pas con ces bestioles.
Heureusement que la nature les a faites si petites. Imaginons l’enfer humain si elles étaient aussi grosses qu’un boeuf. À la vitesse que ça se reproduit...
Pouah, j’aime mieux ne pas y penser.
D’instinct, je me dirige vers la salle de bain et voilà, je trouve la coquine tout au fond de la cuvette et à demi décomposée. J’avais oublié de refermer le siège la dernière fois. L’eau est recouverte d’une couche brunâtre gélatineuse. Ça schlingue à en étouffer. Trois semaines de décomposition, ça fait du dommage olfactif comme dirait c’te gars. Mais ça ne bat pas celle que j’avais trouvée au chalet de mon père lors de l’ouverture au printemps il y a deux ans. Des mois qu’elle marinait dans la cuvette. Et en plus, l’eau courante n’était pas encore branchée. J’avais dû verser l’équivalent de 10 seaux d’eau pour en faire partir tous les gras visqueux agglutinés sur les parois de la cuvette. Pas de blague, ça sentait le camp de concentration.
Mais revenons à celle d’aujourd’hui.
Je tire la chasse et je la regarde s’en aller pour toujours dans ce tourbillon funeste. Elle ira pour l’éternité croupir dans la fosse septique sur un tas fumant de mon caca des derniers mois. Bien fait pour elle!
Je me dépêche ensuite d’allumer des tiges d’encens question de masquer les effluves fétides. Dix minutes plus tard, pendant que je vidais mes sacs, j’en vois une qui sort de derrière le frigo en longeant le mur. Elle s’est planquée dans ma chambre. J’ai beau remuer les meubles, je ne la vois pas. Disparue. Planquée quelque part dans les tréfonds recoins de mon chalet.
Je remets du beurre d’arachides sur la première trappe et j’amorce la seconde.
J’ai confiance que je vais me la faire pendant la nuit.
C’est mon instinct de chasseur qui me le dit.
La suite dans un prochain texte.
Si j’y pense.
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