Un type que personne n’aime. Fait chier tout le monde. Même moi il y a deux ans quand je me suis présenté en lui tendant la main. M’avait tourné le dos parce que j’étais du syndicat et que lui, le syndicat, il crache dessus.
Ancien boxeur. Cerveau un peu fucké. Trop de coups sans doute. Des bras comme des troncs d’arbre et des mains qu’on dirait taillées dans le roc. Va pas le faire chier. Il va te cogner. Tu t’en relèveras même pas.
Il se mangeait une mesure disciplinaire cet après-midi. C’est moi qui devait le défendre. Quand je me suis présenté, il ne m’a pas reconnu. D’ailleurs il était bien content d’avoir l’aide d’un délégué syndical.
Sont toujours comme ça ceux qui chient sur le syndicat. Ils te chient dessus toute l’année. Mais quand ils se mettent dans la merde, ils sont bien contents de te voir débarquer.
Je n’avais pas vraiment envie de le défendre. Il fait chier tout le monde. Qu’on puisse le foutre à la porte? Ouais... je n’aurais pas pleuré.
Et puis je lui ai parlé.
My god! Un animal blessé. Une déchirure humaine. Une plaie ouverte qui respire. J’ai eu pitié. Un vrai sac à souffrances. Il m’a accepté va savoir pourquoi. Un de ceux-là que l’employeur rend alcolo. Il tente d’arrêter de boire. Deux bouteilles de vin par jour combinées à quelques bières. Il trouve ça difficile, mais ne se plaint pas. Ses mains tremblent le matin. Ne comprends pas ce qui lui est arrivé. Ça s’est fait tout seul qu’il m’a dit.
Je sais mon ami. Je sais. On entre dans cette boîte complètement sobre et on en sort totalement intoxiqué. Je lui ai refilé les coordonnées du Pavillon Pierre-Péladeau pour les toxicomanes. Ils font une bonne job et si je le sais c’est que nous leur fournissons la matière première qui fait rouler leur business. Parfois on en sauve, parfois on en perd.
C’est la vie.
On s’est quitté en se serrant la main.
La sienne tremblait.
La mienne?
Pas encore.
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