On ne s’en sort pas. La cote de popularité de Jean Charest augmente à mesure que la grève se poursuit. C’est décevant, mais c’est dans la norme des choses. Le bon peuple a peur. Le bon peuple n’aime pas les bouleversements, même quand c’est pour le mieux. Le bon peuple, c’est ce personnage de la pièce Les Voisins de Claude Meunier. Celui qui pète un plomb à la toute fin parce que sa haie de cèdres taillée - qui est toute sa vie - est endommagée par la voiture du fils du voisin. Abattu en constatant le tableau, anéanti, il lève péniblement la tête au ciel et le regard foudroyé de douleur, il cri «Y a-t-y moyen qui ne se passe rien dans la vie!»
Toute l’absurdité d’une vie totalement insignifiante résumée en quelques mots. Dans cette pièce, Meunier crucifie d’une plume assassine cette partie de la population banlieusarde Nord-Américaine - la vaste majorité - qui préfère comme mode de vie l’abdication confortable de l’indifférence à celui, millénaire, de l’avancée humaine. Comme si notre espèce était arrivée au point final de son évolution. Pourtant, ce sont ces mêmes gens qui gueulent à l’année contre les hausses des services, contre la diminution de leur pouvoir d’achat, contre les riches, contre le gouvernement, contre contre contre... mais quand finalement un groupe se lève et concrétise leur colère, les voilà qui chient dans leur froc pour réclamer haut et fort l’ordre et la sécurité. Petit peuple.
Anyway, ce genre de combat se gagne avec les années. Ceux qui sont dans la rue actuellement seront demain au pouvoir. Ce qu’ils sont en train de faire n’est rien de moins que l’Histoire en marche. Ça ne peut que progresser avec les années. Entre temps, ils auront eu des enfants qui eux aussi un jour, prendront la place laissées vacantes par les tailleurs de haies d’aujourd’hui.
L’espoir est là.
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