Quand je suis arrivé au cinéma Beaubien hier, j’étais beaucoup trop tôt pour la séance. J’aurais pu aller me réfugier au Mousse Café qui est à deux pas, mais j’ai préféré me rendre à la petite bouquinerie juste à côté du cinéma. C’était plus près et je me sentais un peu feignant. Je m’étais donné un maximum de dix pas à faire et ça tombait bien, c’était tout juste la distance qui séparait le cinéma de ce sympathique commerce. C’est en plein le type de librairie de seconde main que j’adore. C’est un peu en bordel, les tablettes débordent et il faut vraiment se mettre à quatre pattes parfois pour dénicher la perle rare. J’aime bien même si les prix sont un tout petit trop élevé pour des livres usagés. Mais bon, j’imagine que le mec doit avoir un loyer assez important à payer. Faut le comprendre. La culture, ça fait rarement vivre son homme.
Je farfouillais du côté de la section histoire à la recherche d’un petit quelque chose à me mettre sous la dent. J’ai déniché un truc qui parle de la vie courante au Moyen Âge écrit par Robert Delort (La vie au Moyen Âge, éditions Points, Histoire)
Je vais me lancer dans cette branche que je ne connais trop peu.
Voilà, c’est dit. C’est du n’importe quoi. Si, si! N’importe quoi. Un prétexte. En fait, ça faisait une heure que je cherchais un moyen de crever la page blanche. Envie d’écrire, mais je n’arrivais pas à démarrer. Ça m’arrive de plus en plus depuis ma suspension. Petite crise existentielle dont les effets sont comparables à une batterie qui serait à plat. Je suis dans une phase postdéfaite électorale suivit d’une phase postsuspension qui elle-même fut suivit d’une phase postdéception de mon exécutif syndical. Ça fait beaucoup de post à gérer.
Mon syndicat, et puisqu’on en parle, est en phase d’implosion. Il est géré maladroitement par un groupe de six personnes (l’exécutif) qui ont fait le ménage autour d’eux. Des mollassons aveugles qui ne voient pas que l’employeur est en train de casser ses moyens et de mettre en place un système de rouleau compresseur qui l’anéantira complètement lors de la prochaine convention collective. Ou même avant, va savoir. Nous sommes sonnons l’alarme depuis deux ans, mais on nous voit comme des «extrémistes» alors que fuck, le bateau coule. Fermetures de succursales, réduction massive d’heures de travail, augmentation des agences privées, embauches massives de jeunes directeurs sans éducation, mais serviles à souhait, congédiements pour des riens, suspensions abusives... notre syndicat, au lieu de répliquer coup pour coup, négocie, tergiverse, gosse, radote, discute, se flatte dans le bon sens de poil, mais tout en se faisant enculer en douceur, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois. Nous disons depuis deux ans que la démobilisation de nos troupes est un danger et qu’il faut réagir au plus vite. À cela, notre exécutif nous répond «Non, il n’y a pas de problème de démobilisation». Pourtant, à la dernière élection, sur 5 500 membres syndiqués, à peine 1 000 ont voté, soit le taux de participation le plus bas de toute notre histoire. Nous avons perdu nos élections, mais paradoxalement, cette défaite, par son faible taux de participation, prouvait que nous avions raison. Pourtant, aucun membre de l’exécutif (tous gagnants) n’y voit le moindre problème. Heureux de leur victoire, ils reprennent leurs bonnes vieilles habitudes de syndicalistes de boutiquiers bien endormis sur leur laurier.
Pierre, vieux soldat de toutes les batailles, j’écris ces mots pour toi sachant que tu es un abonné de ce blogue. Je sais que lors de la prochaine négo, tu seras ou à ta retraite ou tout proche. Moi, mes potes et quelques autres, nous serons encore là pour quelques années encore et devrons faire face au massacre annoncé. Nous ne sommes plus qu’une poignée qui veut reconstruire ce syndicat, lui redonner sa force de jadis et en faire l’instrument de défense qu’il a déjà été et que tu as connu. Mais notre exécutif nous laisse tomber en nous éliminant les uns après les autres. Reste à l’écoute vieux soldat, il se pourrait que l’un de nous te contacte, comme nous contacterons les derniers de tes collègues de la Vieille Garde pour vous demander conseils et appuis. Nous aurons grandement besoin de votre expérience de combattant.
2 commentaires:
Je n'ai jamais, pour ma part, été un "militant", que ce soit pour un parti politique ou un syndicat, mais plus un outsider. Toutefois, il est certain qu'en cas de lutte je serais là.
Ma difficulté, présentement, est de concilier le fait de sauvegarder des emplois dans le domaine de la vente, sans verser dans la productivité (ou plutôt la vente) à tout prix, puisque je crois que la société doit tendre vers une décroissance, de la consommation et de la production, et non l'inverse.
D'accord avec toi. Pour ma part, je prône la semaine des 35 heures. Je t'en reparlerai un de ces jours. En passant, je vais voir régulièrement sur ton blogue et j'attends encore les nouveaux textes! Paresseux!
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