mardi 27 septembre 2011

27 septembre 2011

C’est quand même chouette d’être un 27 septembre au soir et de pouvoir encore écrire dehors, sur le balcon. Le fond de l’air n’est même pas frais. On dirait une belle soirée d’été. Sauf qu’il est 21h et que le soleil dort depuis deux heures.


La ruelle est calme. À côté de chez A..., les enfants du vieux fou vident la maison depuis deux semaines. Semblerait-il qu’ils l’ont placé dans une maison de vieux. C’est généralement comme ça que ça fonctionne à la fin de la vie. Les enfants placent leurs parents encombrants dans des mouroirs et vident ensuite leur maison. Depuis deux semaines, on peut voir jour après jour toute la vie du vieux fou qui s’amoncelle par fournée dans la section de la ruelle réservée aux ordures lourdes. Table de chevet, bureau, commode, chaises, matelas, etc. Quelques passants s’arrêtent parfois pour scruter le débarras de toute une vie, question de voir s’il n’y aurait pas un morceau encore potable. Je me suis moi-même arrêté pas plus tard qu’hier. J’avais repéré deux bâtons de hockey en bois. Que faisait le vieux fou avec deux bâtons de hockey? Étaient-ce à lui ou à son fils, ce même fils qui vide actuellement sa maison? Finalement, j’ai laissé les choses à leur place, dans ce triste cimetière à oublis. Toute une vie pour en arriver à ça. Il doit y avoir une morale à cette histoire, mais je ne la trouve pas.


Hier, je suis passé à la librairie pour m’acheter un livre. N’importe lequel. J’avais envie de dépenser. C’est souvent comme ça lorsque je n’ai plus un rond. Je dépense pour un bouquin, question de me prouver que je ne suis pas encore tout à fait mort. J’ai acheté finalement le roman de Valéry Giscard d’Estaing, La Victoire de la Grande Armée. Roman dont le sujet raconte ce qui serait arrivé si Napoléon ne s’était pas attardé à Moscou. J’en suis au 4e ou 5e chapitre et jusqu’à maintenant, ça sent le C+ . Difficile de faire vivre un Napoléon crédible dans un roman. Moi, si je m’y mettais, je ponctuerais les dialogues de mon personnage d’expressions italiennes, de fautes de français et d’artifices de toutes sortes pour souligner son accent corse dont il ne s’est jamais défait. Quelque chose comme « Multo bene Maréchal Davout! Vous vous occuperez de ces jeunes issus de la dernière circonscription! Rompez!» (Napoléon, arrivé en France qu’à 9 ans et ne parlant pas un mot de français, mélangeait plusieurs mots entre eux. Par exemple «Conscription et Circonscription». Ça serait rigolo de jouer avec ça. Enfin, il me semble. Anyway, on s’en criss). J’ai été me faire les premiers chapitres sur une terrasse où j’ai commandé un espresso même s’il était plus de 17h. Je voulais ainsi savourer ces dernières soirées officielles où l’on peut encore se la couler douce sur des terrasses sans avoir à porter une petite laine. À côté de moi, deux Français ont pris place (parce que nous étions sur le Plateau et que j’avais 99% de chance de croiser des Français) et du coup, j’ai caché la page couverture de mon livre vu que le nom de l’ancien président Français y figurait en grosses lettres très voyantes. Je ne voulais pas que ces jeunes gens croient que j’étais un admirateur de Giscard. Du coup, ça m’a gâché ma lecture parce qu’avec mon café, ma cigarette et l’obligation de cacher la page couverture, ça me faisait trop de choses à faire en même temps et ça ma mis dans une colère grave. Pourquoi tant de Français sur la Plateau? D’abord c’est de leur faute si les loyers se sont mis à grimper en flèche. Ces cons débarquent de Paris où ils payaient $5,000.00 par mois pour un coqueron et se trouvent soudainement très heureux de payer $2,000.00 pour un trois-pièces. Mais bon, ça, c’est une autre histoire.


J’ai bu rapidement mon café et je suis revenu à la maison, passant par la ruelle et croisant la jolie blonde voisine qui promenait son chien. Elle m’a dit «Bonjour!» avec un grand sourire et j’ai répondu «Bonjour!». Le chien a fait semblant de ne pas me voir et j’ai tout de suite remarqué qu’il y avait quelque chose de louche dans le «Bonjour!» de la blonde voisine. Sans doute que le chien lui a parlé de notre conversation de l’autre jour dont le sujet concernait la couleur des petites culottes de sa maîtresse. Ça expliquerait l’étincelle dans la pupille de la blonde voisine et la gueule un peu louche du chien.

Le salaud! Il m’a balancé!


J’ai passé la journée avec les boss... (la suite de ce passage est censurée)




Je suis de retour dans la maison. Non pas parce qu’il fait froid dehors, mais bien pour recharger la batterie de mon Mac qui commençait à s’endormir doucement sur la table en fer forgé. Je suis à mon bureau et la fenêtre est grande ouverte. Il y pénètre un léger vent dominé par des parfums salins. Le fleuve n’est pas trop loin et quand il s’en donne la peine, il nous offre des bouquets d’océan qui sentent bon la marée et les envies de départ.


Je pense à quoi là? Une allée d’épicerie. La mononucléose. Une pointure 9. Un ballon d’enfant tombé dans la cour du voisin. Un parasol qui n’arrête pas de bouger. Un quai en bois sur un lac. Une peinture de Wayne Gretzky.

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