J’avais déjà croisé ce type dès mon arrivée en Afrique. À l’aéroport de Casablanca, il était assis dans un café et je l’avais déjà trouvé étrange parce qu’il lisait un journal qu’il tenait à l’envers. En fait, il m’observait d’un oeil torve (Copyright Michel Blais) et malgré son faux nez en plastique et ses lunettes noires, j’ai tout de suite deviné qu’il tentait de tromper mon attention en optant pour ce subtil déguisement.
Plus tard, je l’ai revu à Rabat où il vendait du poisson (pas très frais) en face du petit hôtel où nous logions. Il portait cette fois une fausse moustache blonde (qui contrastait férocement avec ses cheveux noirs) et un tablier de poissonnier. Ce ne fut qu’à ce moment que j’ai compris que ce type-là, c’était un ancien chevalier Jedi tombé dans le côté obscur de la Force.
Grosso modo, c’était un méchant.
Et moi, bien sûr, j’étais le bon, le jeune apprenti Jedi venu au Maroc pour apprendre tous les secrets de la Force. Quelqu’un l’avait prévenu de mon arrivée (Mohamed VI sans doute) et sa mission était de m’éliminer avant que j’entre en contact avec Yoda (qui se cache ici sous le nom de Youssef Ben Ali Karte DiDébi) pour créer le réseau international du JSAC (Jedi socialiste et anti-capitaliste.) Tout au long de mon voyage, je le retrouvais ici et là sur mes traces, tantôt déguisé en agent de change, tantôt déguisé en cireur de souliers.
C’était un véritable professionnel de la filature et je devais user de toutes mes énergies pour parvenir à le semer.
Sans succès.
Alors hier soir, juste avant d’arriver à Marrakech, et alors que je sortais du taxi pour aller faire pipi dans le désert, voilà-t-y pas que je le trouve dans la même position que vous le voyez sur la photo, volontairement démasqué, hautain, fière, pourri de confiance en lui, me regardant d’un oeil torve (Copyright Michel Blais Bis) et prêt à se battre parce que ce Maroc-là était décidément trop petit pour nous deux. Il pensait me prendre par surprise alors que je pissais sur le sol aride du désert désertique et désert de monde. Mais moi, je ne suis pas du genre à me laisser impressionner, même en pissant. Alors j’ai pas fait ni un ni deux et j’ai dégainé mon sabre laser et je-te-me-l’ai réduit en hachis que ça n’a même pas été drôle. Il gisait sur le sol, inerte et le corps encore chaud, son oeil torve n’étant même plus torve du tout, mais ressemblait plutôt à celui d’un merlan frit noyé dans l’huile d’olive au fond d’une assiette marocaine. J’ai secoué ma bizoune et remonté d’un geste indifférent le ziper de mon pantalon et je m’en suis allé vers d’autres aventures, confrontant les dangers comme seul un aspirant Jedi Première classe socialiste et anti-capitaliste sait le faire.
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