mercredi 23 février 2011

René Lecavalier

J’aime bien écouter le hockey à la radio, comme ce soir alors que le CH est à Vancouver pour une partie diffusée en fin de soirée. Ça me replonge automatiquement à une époque pas si lointaine où l’on avait qu’une partie par semaine retransmise à la télé. Le reste du temps, il fallait se contenter de la radio.

Je retrouve un peu de cette magie par les voix de Martin McGuire et Danny Dubé. À eux deux, ils forment le meilleur duo depuis l’époque de Lecavalier et Gilles Tremblay.


Mais Lecavalier reste le Prince! Le plus grand commentateur sportif de l’histoire de notre télé.

Les réminiscences de cette incomparable voix me ramèneront toujours aux jours les plus heureux de ma vie.

Cette voix que soufflait en sourdine ma radio réveil alors qu’allongé dans mon lit et combattant le sommeil, je refusais de m’endormir avant la fin de la partie même si j’avais de l’école le lendemain...

Cette voix créatrice d’images fantastiques...

Ces images que je me faisais dans ma tête quand j’entendais «Lafleur s’empare de la rondelle et fonce en zone adverse...» étaient plus claires que celles qu’aurait pu me retransmettre n’importe quelle télévision HD moderne de notre époque.

La force de l’imagination est plus puissante que la réalité.

Surtout quand cette imagination fut couvée dès le berceau par l’éloquence d’un maître orateur de la chose bleu blanc rouge. Cette diction et ce style vibrent encore aujourd’hui aussi clairement dans ma tête qu’à l’époque où j’avais 10 ans.


Je réalise ce soir à quel point sa voix a marqué ma vie. Dans mon enfance, René Lecavalier a été pour moi un conteur merveilleux. Au-dessus de mon lit, dans l’invisibilité des choses qui suivait l’heure du coucher, sa voix réconfortante perçait l’angoissant néant de l’obscurité pour venir me bercer tout doucement en m’accompagnant jusqu’au sommeil.

Ses mots me tenaient la main.

Ce poète de l’éphémère me racontait une lliade sans fin dont les héros plus grands que nature chassaient sans pitié les démons de la pénombre et les monstres planqués sous les lits.

Le griot sacré de mon enfance.

Car cette voix, c’est mon enfance et mon inconscient la porte en lui. Une partie de moi est née de ses cordes vocales. C’est une voix qui sent les feuilles d’automne et les premières neiges d’hiver. C’est une voix qui ramène sur ma peau la sensation merveilleusement confortable d’un pyjama enfilée après le bain. C’est une voix qui dit que c’est samedi soir et qu’on a pas d’école le lendemain. Une voix qui réchauffait même dans les plus froides soirées de janvier, au temps où l’hiver existait encore. C’est aussi la voix du dégel et des heures qui avançaient enfin à l’Est. Une voix printanière en provenance de Boston, Chicago ou Philadelphie et qui s’éteignait pour deux mois après qu’une coupe portée à bout de bras faisant le tour d’une patinoire. 12 ans après son extinction officielle, je l’entends toujours.

Elle est là, quelque part en moi.

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