lundi 26 octobre 2009

La vague du temps qui passe.

J'ai vu ce soir le documentaire Les Dames en Bleu du cinéaste Michel Demers.

Mystère insondable pour certains, summum de la mièvrerie pour d'autres, icône pour ses fans, quoi qu'on en dise et quoi qu'on en pense Michel Louvain est un véritable phénomène de la chanson québécoise.
Ce film nous fait découvrir la vie pas toujours rose de quelques unes des ses plus fidèles admiratrices.

Document touchant à plus d'un point de vue. D'abord par le choix judicieux des dames que le réalisateur a choisit pour nous raconter leur passion et leur vie. Par moments, le sujet du film devient secondaire et l'on suit l'une ou l'autre dans leur quotidien et ces passages pourraient à eux seuls constituer la trame d'un autre documentaire.
Un documentaire sur la solitude, sur le vieillissement, sur la perte des êtres aimés, sur le courage de ces femmes d'une autre époque qui ne l'ont pas toujours eu facile. On comprend que pour certaines, Michel Louvain devient plus qu'un simple chanteur quand on entend une sympathique admiratrice de 96 ans lui avouer après un spectacle que si elle vit toujours, c'est grâce à lui. Ou cette autre encore qui avoue candidement à la caméra qu'elle souhaiterait "partir" avant son idole pour ne pas avoir à vivre ce drame.
Elles vouent au chanteur un véritable culte qui dépasse les limites de l'entendement. C'est tout simplement fascinant.
On comprend aussi que si ces dames l'aiment autant, c'est beaucoup grâce à la personnalité même du chanteur qui se montre d'une extrême gentillesse, d'une incroyable disponibilité et d'un affabilité naturelle qu'on ne sent jamais feinte. Il reconnaît ses admiratrices les plus fidèles par leur prénom et pour certaines, il fait presque partie de la famille.

Mais ce qui m'a touché par-dessus tout, c'est de voir ces vieux documents filmés montrant ces jeunes femmes des années '50 littéralement hystériques devant le jeune Louvain et les retrouver ensuite (bon, ce ne sont pas exactement les mêmes mais on comprend l'idée du flash back) plus de cinquante ans plus tard tout aussi passionnées qu'elles étaient mais avec les ravages du temps en prime, poussettes orthopédiques incluses. Parce que le public de Michel Louvain, c'est surtout ça. Une clientèle exclusivement féminine qui avait entre 12 et 30 ans en 1957 et qui ne s'est jamais véritablement renouvelé depuis. Une vague du temps qui passe et qui va bientôt disparaître sur la berge.
Ce qui me fait dire que ce film n'est pas simplement un documentaire sur les admiratrices d'un chanteur, mais devient du même coup un document précieux sur un certain Québec en voie d'extinction.

http://www.lesdamesenbleu.com/

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