vendredi 22 mai 2009

Choses de la campagne

Des oeufs dans un nid. Quatre les oeufs. Comme les trois mousquetaires qui étaient quatre. C'est un nid qui se trouve dans la haie de cèdres qui ceinture le chalet. Les cèdres furent plantés par mon père. Mais pas le nid. Mon père n'est pas un oiseau. Il est juste retraité. Autant que vous le sachiez tout de suite.

Chouette ces oeufs bleus non?
On dirait des oeufs de Pâques. À croire qu'en les cassant, on y trouverait du chocolat dedans.
Je ne les casserai pas, of course. Je ne suis pas un immonde personnage même s'il m'arrive parfois de ne pas aider les mémés à traverser la rue.
J'ai hâte de voir les petits. Ça devrait se faire bientôt. Dans les premières semaines de juin j'imagine.
Enfin, je dis ça mais dans le fond, je n'y connais rien. Les oeufs bleus dans un nid, ce n'est pas mon domaine. Moi non plus je ne suis pas un oiseau. Mais je ne suis pas retraité non plus. Ce qui complique un peu les choses pour peu qu'on ne suive pas scrupuleusement le texte.
La mère est un peu nerveuse quand elle me voit entrer ou sortir du chalet. Elle me prend sans doute comme un prédateur potentiel. J'aimerais lui dire de ne pas avoir peur, que je ne mange que les oeufs avec des codes barre dessus. Mais elle ne me laisse jamais le temps de m'expliquer.
Elle a le ventre orange et je crois que c'est une grive. Je ne connais pas beaucoup de noms d'oiseaux et c'est définitivement une lacune. Enfin, ça dépend. À Montréal, il est assez rare que ce genre de sujet vienne dans une conversation et c'est tant mieux.
Le nid est foutrement bien fait. Tissé avec un bec. Faut le faire. Y a du boulot là-dedans! Et ce n'est même pas fait en Chine. 100% naturel et 100% fait à partir de matière recyclables. Mais malheureusement, testé sur des animaux.
Saloperies de grives!


Et puis ça... ben ça, c'est ma première vraie truite de l'année. Une mouchetée solitaire qui remontait le courant. J'étais là qui l'attendait, pépère mais aux aguets avec mes lunettes soleil polarisées achetées chez Le Baron, à l'affût, concentré, méditatif, sérieux, blond, maigre, mal rasé et avec une calvitie qui sincèrement, commence à me faire suer du front. Je lui ai lancé mon leurre spécial, une Williams argentée que tu ne peux pas résister. Même si ton métier dans la vie n'est pas d'être une truite.
Ce qui me fait penser que je devrais peut-être essayer ma Williams argentée avec le nombril de la soeur de A... Des fois que son nombril se prendrait pour une truite mouchetée. On ne sait jamais. Sous de chauds rythmes latins, ça frétille comme une truite ce truc là. J'ai peut-être des chances. Au bout de mon hameçon, j'y mettrai un CD de Manu Chao.
Mais bon, on verra ça plus tard.
Cette truite qui n'existe plus, je me la suis prise juste avant le souper.Je l'avais cherchée toute la journée sans succès. Un vent froid rendait un peu désagréable ces longues heures à arpenter les berges de la rivière. J'y ai passé toute la journée. Vent de dos, vent de face, vent de côté, vent affamé n'a point d'oreilles, ce jour ressemblait d'avantage à une fin qu'à un début d'été.
Il faisait beau pourtant.
Mais froid.
Un couple de canards même pas boiteux me regardaient de loin. L'un blanc, l'autre plutôt marron. Mâle et femelle mais je ne saurais dire dans quelle ordre. Ils nichent derrière la petite île en face du chalet, comme à chaque année depuis des siècles. Dans un mois, des petits cannetons viendront batifoler sur la rivière. C'est comme ça depuis que je suis tout petit. Ou alors depuis même avant mais je n'étais pas là pour le certifier ici devant (ou derrière?) vous.
C'est beau ces choses de la vie qui se perpétuent de génération en génération. (Moment tendre ici.)
Finalement, ma truite, elle avait avalé l'hameçon profondément, signe que nous sommes en début de saison et qu'elle se montre affamée. Moi aussi, quand j'ai faim, j'avale mon couscous profondément. Et ça me fait aussi pensé que j'ai connu une fille qui... mais bon, passons.
Je n'ai pas été foutu de la lui retirer et j'ai été obligé de lui casser le cou pour ne pas trop la faire souffrir. Cela se fait toujours rapidement mais cela laisse toujours les mains remplies de sang.
Je suis toujours étonné par la quantité de sang qu'une si petite bête peut verser quand on la tue.
Les poissons sont la seule chose vivante que je tue ici-bas.
Non c'est faux. Je tue aussi des moustiques.
Et le temps aussi, parfois.
Je sais qu'au niveau du grand respect de la vie des êtres vivants, c'est condamnable. Mais c'est quand même pas comme tuer une mémé pour lui piquer sa sacoche. À moins que la mémé soit une truite. Là, je dis pas non. Mais dans toute l'histoire des mémés assassinées pour des sacoches, les cas où ces mêmes mémés étaient en fait des truites sont plutôt rares. Faudrait vérifier dans les archives de la police. Mais ça serait long.

Manger une truite que l'on vient de pêcher, c'est du bonheur.
Du vrai.
Celui qui se prend avec une bonne huile d'olives.
Et un bon vin blanc.
Je voulais la faire cuire sur un feu de bois mais j'avais trop faim. Me la suis faite à la poêle, juste avec du beurre. Dans mon assiette, trois gouttes d'olives sur la chair et puis voilà, pas besoin de plus. (ce qui me fait penser qu'avec une bonne huile d'olives, le nombril de la soeur de A... mais bon, passons.)

1 commentaire:

Marina Kowalsky a dit…

L'oiseau qui a fait son nid dans les cèdres est le merle d'Amérique ou le rouge gorge de son ancien nom.

Belle truite...