Une autre menace de mort ce soir au boulot. Trois jeunes cons un peu saouls qui n'ont pas aimés mes remarques (baveuses, c'est vrai, mais tout de même très drôles, dis-je en toute modestie) sur leur supposé sens de l'humour au comptoir de ma collègue. L'un d'eux surtout, et sans doute pour épater ses jeunes camarades incultes, gueulait bien fort qu'il allait m'attendre après la fermeture et que je ne manquerais pas d'y passer. Même qu'il l'a dit et redit à trois ou quatre occasions, juste pour être bien certain que j'avais pigé le message. Par hasard, des flics n'étaient pas loin et une cliente leur a signalé qu'il y avait du grabuge dans la succursale. Ils sont arrivés au bon moment et ont mis la main sur deux d'entre eux.
Depuis que je travaille là, ça doit bien être la dixième fois que ça m'arrive. Malgré tout, on ne s'y habitue jamais. On se dit que tôt ou tard, la loi de la moyenne finira par jouer contre nous, qu'un de ces jours, il y en aura un qui ira vraiment jusqu'au bout de sa connerie. Et l'on dira ce que l'on voudra, mais crever à cause d'une bouteille de vodka, ça serait vraiment idiot.
Je travaille dans le secteur Montréal-Nord\St-Léonard\ Rivière-des-Prairies et je m'empresse d'ajouter ici que sur ces 10 menaces de mort, une seule est venue d'un client black. Les 9 autres (comme celle de ce soir) provenaient de petits blancs minables. Je souligne comme ça au passage parce qu'en mentionnant la ville de Montréal-Nord, certains pourraient faire une association raciale qui serait complètement fausse.
On se sent toujours un peu étrange après un événement comme ça. Même si l'on sait que dans 99% des cas, il ne s'agit que de menaces de gars saoul, il reste un petit 1% qui te travaille le cerveau et qui titille ton système nerveux. C'est pas de la crainte, mais je dirais plutôt quelque chose comme de l'impuissance devant la grande bêtise humaine. Tu arrives à comprendre que c'est mathématiquement possible que dans ce monde de con, un con plus con que les autres décide vraiment de te casser la gueule parce que tu lui a refusé une vente pour X ou Y raison. Ou encore parce qu'il n'a pas aimé ton humour désopilant, comme ce soir. (Après deux ou trois minutes de bêtises éthyliques qu'ils croyaient drôles, l'un d'eux a fait mention qu'ils n'étaient pas à jeun. J'ai répondu aussitôt que pour ma part, je ne faisais guère la différence entre trois cons saouls ou trois cons à jeun. Ils n'ont pas apprécié ma fine insulte)
Je roulais en direction de la maison après le boulot et je pensais encore à tout ça. J'essayais de trouver des raisons pour expliquer la connerie humaine. J'ai rien trouvé, à part peut être la paresse intellectuelle ou le hasard d'être né dans un milieu dépourvue de culture et d'envie d'apprendre. Mais même ça ce n'est pas une excuse. Il existe des milliers d'exemples de gens pas cons issus de milieux culturellement défavorisés.
Est-ce possible que la connerie soit quelque chose que l'on attrape à la naissance? Comme une sorte de virus?
J'ai connu dans ma vie des cons de toutes sortes. Des cons méchants, des cons gentils, des cons qui étaient juste cons et des cons qui se croyaient plus intelligents que Einstein. Je préfère de loin les cons gentils. Ils sont adorables comme tout et l'on s'attache à eux comme à ces petites bêtes domestiques. Ils nous font rire et ils aident à rendre la vie plus belle. Ça serait bien de pouvoir les louer à l'occasion, dans je ne sais quelle boutique de cons, question d'agrémenter nos soirées.
- Bonjour, je voudrais un con pour demain soir.
- Quelle type de con?
- Comme d'habitude, gentil. C'est pour une soirée entre amis. On voudrait rigoler.
- Je suis désolé mais notre stock de cons gentils est épuisé pour l'instant. C'est la grosse saison vous savez. Il aurait été préférable de réserver à l'avance.
- Eh merde! Bon, il vous reste quoi en magasin?
- Un peu de tout mais rien de gentil. Beaucoup de partisans de l'ADQ, plus encore du Parti Conservateur, quelques créationnistes, une vingtaine d'économistes de droite, tout un troupeau de lecteurs de Richard Martineau, la liste complète des abonnés du Journal de Montréal, de jeunes propriétaires de Honda Civic modifiées, des pétasses aux seins refaits, des...
- Oui bon, ça va. J'ai compris. Autrement dit, il ne vous reste rien de drôle, c'est ça?
- C'est ça. Mais à la limite, en regardant du côté de la liste des abonnés du Journal de Montréal, vous risquez de trouver quelque chose d'intéressant.
- Oui je sais, mais c'est compliqué.
- Pas si vous suivez mes conseils. En scrutant les lettres des lecteurs par exemple, vous pouvez dénicher quelques perles. J'en ai justement une qui se disait favorable aux coupes budgétaires effectuées par les Conservateurs dans le milieu culturel. Ça vous intéresse?
- Non merci, pas vraiment. Je crois que je vais laisser faire.
Depuis que je travaille là, ça doit bien être la dixième fois que ça m'arrive. Malgré tout, on ne s'y habitue jamais. On se dit que tôt ou tard, la loi de la moyenne finira par jouer contre nous, qu'un de ces jours, il y en aura un qui ira vraiment jusqu'au bout de sa connerie. Et l'on dira ce que l'on voudra, mais crever à cause d'une bouteille de vodka, ça serait vraiment idiot.
Je travaille dans le secteur Montréal-Nord\St-Léonard\ Rivière-des-Prairies et je m'empresse d'ajouter ici que sur ces 10 menaces de mort, une seule est venue d'un client black. Les 9 autres (comme celle de ce soir) provenaient de petits blancs minables. Je souligne comme ça au passage parce qu'en mentionnant la ville de Montréal-Nord, certains pourraient faire une association raciale qui serait complètement fausse.
On se sent toujours un peu étrange après un événement comme ça. Même si l'on sait que dans 99% des cas, il ne s'agit que de menaces de gars saoul, il reste un petit 1% qui te travaille le cerveau et qui titille ton système nerveux. C'est pas de la crainte, mais je dirais plutôt quelque chose comme de l'impuissance devant la grande bêtise humaine. Tu arrives à comprendre que c'est mathématiquement possible que dans ce monde de con, un con plus con que les autres décide vraiment de te casser la gueule parce que tu lui a refusé une vente pour X ou Y raison. Ou encore parce qu'il n'a pas aimé ton humour désopilant, comme ce soir. (Après deux ou trois minutes de bêtises éthyliques qu'ils croyaient drôles, l'un d'eux a fait mention qu'ils n'étaient pas à jeun. J'ai répondu aussitôt que pour ma part, je ne faisais guère la différence entre trois cons saouls ou trois cons à jeun. Ils n'ont pas apprécié ma fine insulte)
Je roulais en direction de la maison après le boulot et je pensais encore à tout ça. J'essayais de trouver des raisons pour expliquer la connerie humaine. J'ai rien trouvé, à part peut être la paresse intellectuelle ou le hasard d'être né dans un milieu dépourvue de culture et d'envie d'apprendre. Mais même ça ce n'est pas une excuse. Il existe des milliers d'exemples de gens pas cons issus de milieux culturellement défavorisés.
Est-ce possible que la connerie soit quelque chose que l'on attrape à la naissance? Comme une sorte de virus?
J'ai connu dans ma vie des cons de toutes sortes. Des cons méchants, des cons gentils, des cons qui étaient juste cons et des cons qui se croyaient plus intelligents que Einstein. Je préfère de loin les cons gentils. Ils sont adorables comme tout et l'on s'attache à eux comme à ces petites bêtes domestiques. Ils nous font rire et ils aident à rendre la vie plus belle. Ça serait bien de pouvoir les louer à l'occasion, dans je ne sais quelle boutique de cons, question d'agrémenter nos soirées.
- Bonjour, je voudrais un con pour demain soir.
- Quelle type de con?
- Comme d'habitude, gentil. C'est pour une soirée entre amis. On voudrait rigoler.
- Je suis désolé mais notre stock de cons gentils est épuisé pour l'instant. C'est la grosse saison vous savez. Il aurait été préférable de réserver à l'avance.
- Eh merde! Bon, il vous reste quoi en magasin?
- Un peu de tout mais rien de gentil. Beaucoup de partisans de l'ADQ, plus encore du Parti Conservateur, quelques créationnistes, une vingtaine d'économistes de droite, tout un troupeau de lecteurs de Richard Martineau, la liste complète des abonnés du Journal de Montréal, de jeunes propriétaires de Honda Civic modifiées, des pétasses aux seins refaits, des...
- Oui bon, ça va. J'ai compris. Autrement dit, il ne vous reste rien de drôle, c'est ça?
- C'est ça. Mais à la limite, en regardant du côté de la liste des abonnés du Journal de Montréal, vous risquez de trouver quelque chose d'intéressant.
- Oui je sais, mais c'est compliqué.
- Pas si vous suivez mes conseils. En scrutant les lettres des lecteurs par exemple, vous pouvez dénicher quelques perles. J'en ai justement une qui se disait favorable aux coupes budgétaires effectuées par les Conservateurs dans le milieu culturel. Ça vous intéresse?
- Non merci, pas vraiment. Je crois que je vais laisser faire.
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